mercredi 21 décembre 2022

RETRO CINÉMA INDIEN


    Depuis le succès prodigieux de Rise Roar Revolt, le méga blockbuster de SS Rajamouli, on est un certain nombre à avoir non seulement réalisé l’ampleur de notre ignorance en matière de cinéma indien, mais surtout réalisé que cette ignorance était proprement criminelle. Alors, au-delà de son film, commençons par remercier Rajamouli de nous avoir ouvert une fenêtre sur une quantité effarante de films extraordinaires ! Et j'en profite également pour remercier ici, pour leurs conseils éclairés, Thomas Kerkiki d’En Attendant Godard, François Cau, Arnaud Maniak et Cineskope ! Plus qu’une série de petites chroniques, le texte qui suit est une lettre d’amour à toute une industrie. Malgré la foi d’une poignée de thuriféraires passionnés, il faut bien se l’avouer, depuis bien trop longtemps, la plupart d’entre nous étaient passés complètement à côté de ces films, et d'une industrie proposant pourtant ce qu’on cherchait désespérément dans un cinéma occidental qui n’a bien souvent plus que le triste spectacle de son propre cynisme en carton à offrir…
    
Cette année, j’ai donc commencé à essayer de rattraper mon retard abyssal en piochant un peu au hasard dans cet océan de films divers et variés. Car pour enfiler quelques clichés, on rappellera que l’Inde est un territoire immense, une fédération de nations ayant chacune leurs langues, leurs coutumes, leurs propres cultures et donc leur propre cinéma. Bollywood à Bombay où l’on parle hindi, Tollywood, avec le Telangana et sa langue le telugu, Mollywood avec le Kerala où l’on parle Malayalam, Sandalwood avec le Karnataka où l’on parle le Kannada, Kollywood avec Tamil Nadu où l'on parle tamoul etc etc… La multiplicité des religions (hindou, sikh, islam ou chrétienne) ajoute à la complexité et à la richesse d’un pays qui repose sur une histoire politique, mythologique et religieuse qui apparaît d’une insondable profondeur aux profanes dans notre genre.
    Bref, papillonnant d’un genre à l’autre, d’un cinéma à l’autre, cette escapade récente s’est révélée être un voyage absolument excitant ! Depuis mon adolescence, je n’avais probablement jamais vu autant de bons films à la suite, et en si peu de temps. Je me suis concentré sur les films sortis récemment, voulant me faire une idée de la production indienne, aujourd'hui. Curieux de savoir si RRR était une exception, et à quoi ressemblait l'industrie qui avait vu naître, en son sein, un tel film.
La fin de l’année arrivant, je vous propose donc un petit tour d’horizon rapide qui n’a d’autre prétention que d’évoquer succinctement ce que j’ai vu et apprécié cette année, laissant de côté la poignée de films qui ne m’auront pas plu. Je reste quand même sidéré par le faible nombre de films que j'ai écarté, face à cette liste merveilleuse qui continue de s’allonger, jour après jour…    
    J'ai mis des étoiles aux films exceptionnels, si vous ne devez en voir que quelques-uns, voyez ceux-là.
 

    Bien sûr, la première chose que j'ai voulu fallu rattraper, c’est évidemment la filmographie de SS Rajamouli. La découverte de son œuvre, en tout cas d’une partie de son œuvre, permet d'abord de constater et d'évaluer la progression incroyable de ce réalisateur hautement sympathique. De ses premiers films jusqu'au démentiel triomphe de RRR, le chemin de Rajamouli, et sa persistance à améliorer constamment son art, forcent le respect. SS Rajamouli, encore une fois, ధన్యవాదాలు !
 

 


2009 Magadheera, telugu

    On commence donc avec Magadheera (« L’Homme Héroïque »), une sympathique pochade comique qui mêle le récit mythologique over the top avec la comédie contemporaine. Le film est clairement très léger, c'est un joyeux brouillon qui nous permet surtout de retrouver  tout jeune l'ultra-choupinou (et pas encore "Mega Power Star") Ram Charan, la bouille de l’acteur permettant de faire passer à peu près n’importe quoi, avec une bonne humeur contagieuse ! 
 

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2012 Eega, telugu
    Cette comédie d’action repose sur une idée simple, mais baroque : un pauvre type assassiné par un méchant mafieux va se retrouver réincarné en mouche. À partir de là, l'insecte n’aura de cesse que d’assouvir sa vengeance. Une proposition aussi burlesque que casse-gueule que Rajamouli parvient à mener avec une rage et une maîtrise qui emportent tout sur leur passage. Drôle, jouissif, terriblement distrayant et, de toute façon, incontournable !

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2015 Bàhubali 1 : The Beginning / 2017 Bàhubali 2 : The Conclusion

  
C’est probablement avec ce diptyque maousse costo que Rajamouli s’est fait largement connaître en dehors de son pays, et c’est probablement le film mythologiquo-fantastique qui, jusqu’ici, était le passage d’entrée le plus évident vers le cinéma indien. Si ses qualités sont indiscutables, et si ce récit s’étalant sur plusieurs temporalités, aux nombreux personnages et aux scènes d’action triple XL est devenu un classique, ça n’est pas un hasard. Reste qu’au-delà du plaisir que Bàhubali procure au spectateur, sa découverte tardive, en ce qui me concerne, souffre de la comparaison avec RRR, que je trouve nettement plus abouti à tous les niveaux. Bien mieux écrit et bien mieux réalisé, le dernier film de Rajamouli évite les écueils de ces Bàhubali, leur lourdeur parfois pachydermique et leur rythme plutôt nonchalant. Ceci dit, il n’est pas question ici d’ergoter plus avant, de toute façon, Bàhubali doit être vu !
    Après bon, voila quoi...


(clic)
 

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2022, RISE ROAR REVOLT, telugu
    On pourrait croire que ce film est un miracle, mais ça serait ignorer tout le travail accompli par SS Rajamouli durant ces dix dernières années. Ca serait également prendre à la légère le niveau de maitrise de toute son équipe, qu’il s’agisse de la beauté de la photographie, de l’utilisation souvent très ingénieuse des effets spéciaux, de la qualité de l’interprétation, de la virtuosité de la mise en scène et, surtout, de la perfection d’un script tricoté avec une précision redoutable. L’engouement délirant qui a accompagné la sortie de RRR est bien à la hauteur de la réussite du film. Partout où il a été vu, il a soulevé un enthousiasme absolument délirant. Des images des cinémas où le film est projeté en Inde devant une foule déchainée, jusqu’à son accueil à Tokyo ou à Los Angeles, partout le public est en extase devant l’histoire de cette terrible amitié entre deux personnage que tout semble opposer.
    Après avoir vu quelques films indiens, la première chose qui me surprend, c’est à quel point le film semble avoir été pensé pour son exploitation internationale, mettant en scène une intrigue vernaculaire évidente, mais pourtant totalement universelle, convoquant toute l’histoire du cinéma à grand spectacle. RRR semble puiser autant à la fontaine où se sont abreuvés des films comme Le Bon la Brute et le Truand, ou Conan le Barbare, qu’à son propre folklore, qu’il prend soin à toujours rendre accessible. Et il réussit cet exploit avec une maestria qui force le respect. En ça, RRR semble être l’aboutissement pour Rajamouli d’une vie entière vouée à la puissance du cinéma. Car ce film a beau raconter l’histoire fabuleuse de deux personnages qui vont, à travers les prémices de la lutte pour l’indépendance de l’Inde, accéder à un statut de mythe, il est avant tout une déclaration d’amour à cette puissance que peut développer le cinéma sur nos organes, pour l’œil, l’oreille, les tripes et le cœur.
    On pourrait dire que l
a sympathie immense que dégage ce film émane déjà de la rigueur de ses images, de la façon dont Rajamouli peuple et compose ses cadres, pense sa mise en scène, de cette générosité offerte par le soin méticuleux apporté à tous les aspects de sa production. C'est simplement virtuose du sol au plafond, une débauche de moyens toujours justifiée, qu'il s'agisse d'agglutiner quelques centaines de figurants ou de jouer avec le numérique. À ce sujet, après avoir vu le film, allez voir l'épisode de Corridor Crew consacré au film et à la façon dont il utilise de manière ingénieuse cet outil ! D'une manière générale, l'utilisation des sfx est à l'unisson du reste. Et si parfois un animal semble "fake", la foi du metteur en scène dans la suspension d'incrédulité qu'il convoque permet de faire tout passer. Une leçon qui nous montre de amnière insolente que le cinéma peut s’accommoder d'un effet "visible", si la mise en scène est à la hauteur !
    Mais ce  qui m'a probablement le plus soufflé, c'est la façon dont Rajamouli fait feu de tout bois pour raconter son histoire, par le dialogue, par l'image et par la façon dont les passages musicaux participent à la narration. Ce sont ces idées de mise en scènes démentes et démesurées (la première grande bagarre est à ce titre une sorte de sommet indépassable, que le film va pourtant s'appliquer à constamment dépasser), ou par des idées plus subtiles. Comme lorsqu'un personnage observe la fenêtre de sa cellule dont on ne voit que les barreaux, tandis qu'un travelling avant change la luminosité du plan, nous révélant, in fine, ce qu'il observe. Comme lorsque les deux protagonistes se retrouvent à l'écran, séparés par du fil de fer barbelé. Comme lorsque le héros décoche une flèche enflammée et que le plan s'attarde une seconde sur l'arc une fois la flèche décochée pour montrer que la flamme est restée quelques instants dans son sillage, afin de nous faire comprendre, inconsciemment, comment cette flèche va embraser le cadre dans le plan suivant. Je ne vais pas tenter de faire la liste complète de ces idées brillantes, ça n'aurait aucun sens, c'est plutôt une activité pour les soirées passées en bonne compagnie à boire des coups et à se raconter le film.
    Ce qui me fascine, et ce qui place RRR tellement au dessus de tous les blockbusters américains produits depuis tant d'années, c'est cette façon que le récit a de jouer avec le spectateur, son habileté à jongler avec les pay-in/ pay-off, afin de nous mener par le bout du nez, en ayant constamment une, deux ou trois longueurs d'avance. Quel film récent peut se targuer d'être, à ce point, imprévisible, alors qu'on sait évidemment que tout finira bien ! Les gens qui ont vu, et revu, et revu encore RRR n'oublieront pas ce putain de drapeau plongé dans l'eau, ils savent pourquoi ils capturent un tigre, ils sourient lorsqu'ils voient nos deux amis s'entrainer, l'un assis sur les épaules de l'autre. Etc...
    Constamment surpris, on est embarqué dans un grand huit qui ne s'arrête jamais, qui pousse l'excitation en balançant des moments de gloire, des scènes spectaculaires qui semblent ne jamais s'arrêter et dont les conclusions délirantes nous propulsent systématiquement sur le prochain morceau de bravoure. C'est proprement prodigieux.
    Et puis il n'y a pas que l'iconisation visuelle des personnages (la carriole enflammée, Bheem devant sa fontaine brisée, un tuyau dans la main...), même si je n'avais jamais rien vu de tel en la matière. Il y a aussi, et sutout, une maîtrise folle de ce que c'est qu'un mythe. À ce sujet, j'ai eu l'impression de voir le premier véritable héritier de John Milius, toute l'introduction de Conan a enfin trouvé une descendance à sa mesure. Le flash back sur l'enfance du héros est pour moi le chef d'oeuvre niché au cœur du chef d’œuvre. Load, aim, shoot... putain, trois mots qui se sont imposés aux côtés des meilleures répliques du film de Milius. La façon dont cette scène est amenée, en deux parties, jusqu'à sa révélation complète, cernée par les prestations géniales de Ajay Degn (dans le rôle du père) et d'Alia Bhatt (dans le rôle de la compagne), et poussée par un soundtrack fabuleux fut un moment de bonheur extatique, que j'ai revu, revu, et revu encore et encore. Il y a aussi quelque chose de Mel Gibson dans le parcours sacrificiel du héros, car c'est à travers le sang, la sueur et les larmes qu'il va pouvoir accéder au statut de demi-dieu. 
    Bref.
    
Il y aurait mille choses à évoquer, la façon dont les personnages féminins, en retrait face à nos deux protagonistes, tiennent chacune tête face à leur entourage, comment le film célèbre cette lutte de libération nationale à travers un œcuménisme courageux, alors que les tensions entre hindous et musulmans enflamment régulièrement le pays. Comment le film traite le sujet du racisme par une scène de danse déjà inscrite au panthéon de l'histoire du cinéma. Voir le film, le revoir, être émerveillé à chaque fois par la richesse qu'il déploie. Montrer le film et être témoin de la joie qu'il provoque. Bordel, Tollywood vient de mettre Hollywood KO. Fury Road avait été un sommet des années 2010. Rajamouli vient simplement de s'imposer parmis les plus grands pour cette nouvelle décennie.

    Je ne mets pas d'extrait, parce qu'il n'y a pas de débat à avoir, y'a pas à tortiller, il faut voir le film. Point barre. À ce propos, attention, il faut faire gaffe à avoir une copie dans la bonne langue, et, malheureusement, plusieurs fichiers de sous-titres en français circulent, certains étant traduits d'une manière misérable, torpillant certains dialogues d'une bien triste manière...

  

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Pour continuer sur la «
Mega Power Star Ram Charan exploitation », notons deux films franchement tartes, mais qui raviront les fans et les gens de bonne humeur :



2015 Bruce Lee the Fighter, de Sreenu Vaitla, telugu

   
Derrière ce titre improbable, nous trouvons une comédie romantique mettant en scène un cascadeur (
Mega Power Star Ram Charan donc) pris dans une incroyable suite de quiproquos absolument ridicules. L'intrigue pourrait parfois faire penser à ces vieilles comédies françaises, avec Louis de Funès et Claude Gensac, où se multipliait les embrouilles et les malentendus, les portes qui claques, et les claques aussi d'ailleurs... Je rêverais de voir un remake d'Hibernatus sauce telugu par exemple. Bref, ce Bruce Lee est bien évidemment (très) très loin d’être à la hauteur de la plupart des films chroniqués ici, mais comment nier son plaisir devant cette pochade feel good dans laquelle on se perd avec joie, si on a avec soi une quantité de bienveillance à la hauteur de ce « spectacle » totalement oubliable, mais néanmoins débridé. Reste quand même que j’aime bien cette chanson, parce que de la bienveillance, finalement, j’en avais pas mal sur moi :


(clic)

PS : Un moment curieux, lorsque notre Mega Power Star sort cette référence sortie de nulle part !



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2022 Acharya, de Koratala Siva, telugu
 
Une communauté de gens très sympas et très pieux est menacée par des filous sans scrupule qui ne vont pas hésiter à se montrer, eux, très méchants. Alors que tout semble perdu et qu'un lourd désespoir musèle les habitants de la forêt, déboule alors un groupe de guerilleros naxalites, des maoïstes super cools qui vont, en dansant, sauver la veuve et l’orphelin. À noter ici, et c’est surtout pour ça que j’évoque ce film, que la guérilla est menée par Mega Power Star Ram Charan et son père Mega Star Chiranjeevi. Alors oui, c’est un film, encore une fois, discutable, disons fort léger, et finalement plutôt anecdotique, mais regardez moi ce clip, lorsque les maoïstes entrent en scène…



Bhale Bhale Banjara (clic)

    Qui ne rêverait pas de voir un tel truc chez nous, avec, je ne sais pas, des combattants de l’ETA qui feraient des claquettes en faisant virevolter leurs kalashnikovs et sauter des agences immobilières en chanson ? Bon, c'est quand même à réserver aux fans de Mega Power Star Ram Charan bien sûr !


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    Même si on y connait rien, on sait que le cinéma indien est célèbre entre autre pour ses grandes reconstitutions historiques, s'apparentant souvent à des véhicules au nationalisme indien, soft power pas toujours très soft (The Kashmir Files par exemple, abominable pamphlet d’un racisme assez crasse)… Mais certains films offrent néanmoins un spectacle absolument ébouriffant, où les batailles et les belles étoffes volent de concert dans la réécriture fantasmée d’un foisonnant roman national... 

 


2019 Kesari de Anurag Singh, hindi
    Dans la catégorie un peu natio des grandes batailles du passé, donc, Kesari  ("Safran") raconte avec un certain brio et une classe évidente la résistance acharnée d’une poignée de militaires Sikhs face à une armée gigantesque de combattants musulmans. Une sombre histoire qui s’est déroulé à la fin du XIXème siècle, dans le nord est du pays. Pour les néophytes et les incultes dans mon genre, ça a été l'occasion d'ouvrir un peu wikipedia et de découvrir un peu ce que c'est que le sikhisme. Et je peux vous assurer que ce flim est bel et bien un flim sur le sikhisme. Il délivre à peu près tout ce que qu’on attend d’un tel spectacle et, masala oblige (Masala désigne ces films qui mélangent les genres afin d’attirer le plus de public possible, on a donc de l’action, mais aussi un peu de romance, des chansons, de la bagarre...) une histoire d’amour un peu surfaite vient parasiter l’intrigue, tandis qu’avant que les enfers se déchainent, une chanson fort sympathique, au ton léger et un brin incongru
vient secouer un peu tout ça ! On ondule des hanches et on se trémousse en attendant la mort !


(clic)


    Akshay Kumar est impeccable dans le rôle principal, de toute façon, grâce à son costume et sa barbe spectaculaire, il n’avait pas grand-chose à faire de plus. La réalisation, la photographie et la musique du film sont tout à fait corrects, alors le spectateur se laisse embarquer facilement dans ce récit édifiant. Et puis, lorsque j’ai finalement découvert à quoi servait le Chakkar, cette couronne métallique coincée sur les turbans, j’ai rangé dans ma poche les quelques réserves que j’avais pour apprécier ce spectacle politiquement douteux, mais fort jouissif, et faisant feu de tout bois pour satisfaire notre soif de gestes héroïques. Notons aussi qu'à la tête des combattants musulmans, un cheikh fondamentaliste s’oppose à un autre, plus magnanime, et prompt à reconnaitre la grande valeur des guerriers sikhs, une tentative un chouia grossière pour éviter une représentation trop unilatérale des antagonistes… mais nous ne sommes pas dupes et le film participe à sa manière à la lutte que se mènent, à cet endroit, l’Inde et le Pakistan.

(ça a de la gueule quand même, cliquez dessus et vous verrez la bande annonce,
une occaz' de constater en quelques minutes que le film profite de ses décors incroyables
et promet une sacrée bamboula. Une promesse qu'il respecte !)

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2022 Samrat Prithviraj, hindi

    Encore un film avec Akshay Kumar, et cette fois-ci il s'agit de l’adaptation d’un poème épique évoquant la vie héroique d’un roi Rajput de la dynastie Chahamana. Nous voici donc plongé en plein dans la mythologie indienne, mais pas dans une version « over the top » à la Bàhubali, mais dans une approche plus sérieuse, plus terre à terre, mais si les potards en matière de chorégraphies et de batailles spectaculaires sont à fond. L'approche reste néanmoins plus sérieuse, plus premier degré face aux films qui montrent des personnages aux pouvoirs surhumains, dans une illustration pop et délirante de la qualité divine de leur puissance. Alors bien sûr, le film de Chandraprakash Dwivedi est pétri de défauts, et s’il arrive à nous impressionner au détour de quelques plans magnifiques, il finit également par ennuyer le spectateur légèrement contrit que le film n’aille pas au bout de son concept ou de ses idées... Il n'en reste pas moins impressionnants et propose un nombre de plans d'une beauté telle qu'il mérite le coup d'oeil !



Hari hari har ! (clic bordel !)

    
    Disons que la patate que dégage ce clip musical peine a être maintenue sur les 135 minutes du film… malgré une direction artistique flambante et un Akshay Kumar toujours aussi cool à regarder !

 
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Entre la fresque historique et les films de crapules sur lesquels on va se pencher deux minutes, arrêtons-nous sur ce chef d'oeuvre :


2021 Gangubai Kathiawadi, de Sanjay Leela Bhansali, hindi
    L’histoire de ce film est fictive, mais elle s’inspire de la vie réelle de plusieurs femmes, tel qu’elles ont été racontées dans un livre qui rencontra il y a quelques années un grand succès et consacré aux reines de la mafia de Mumbai (Mafia Queens of Mumbai, de S. Hussain Zaidi). Voila une grande histoire, une belle et grande fresque consacrée à une jeune fille vendue à un bordel et qui, avec le temps, en prendra non seulement la tête, mais qui deviendra également la patronne de son quartier, allant finalement jusqu’à plaider sa cause devant le premier ministre indien. Durant 3 heures, le film oscille d’un genre à l’autre, balançant entre une brutalité inouïe et une légèreté presque comique, le long d’une intrigue qui s’étale sur plusieurs décennies, rythmée par des numéros musicaux de haute volée, le tout filmé intégralement en studio pour un rendu tout à fait étonnant. Il y a tant de choses qui pourraient nous détourner d’un tel film, on pourrait craindre l’overdose, et pourtant la mise en scène de Bhansali, le scénario, le soundtrack, la prestation magistrale d’Alia Bhatt et la présence charismatique d’Ajay Devgan (tous les deux vus dans RRR) sont d'une implacable virtuosité. La maîtrise est stupéfiante, les cadres du film d'une beauté terrassante et l'émotion que convoque cette tragédie est exténuante. La dimension tragique s'installe peu à peu dans la complexité du personnage central, dans la valeur des enjeux qui se déroulent au fur et à mesure où il se retrouve dépositaire d'une responsabilité ecrasante. Le film commence par coller une paire de baffes au spectateur, mais le coup qu'il nous porte lors du dernier passage musical, révélant toute la fragilité de son héroïne, est fatal. La trajectoire tragique de Gangubai, la reine des putes de Kamathipura, était une histoire fascinante, et Bhansali lui rend un hommage admirable. Putain de bordel de merde, quelle émotion.

Jhume re gori! (clic !)clic !

 

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   Sur un ton un peu plus léger, enchaînons maintenant avec des films jubilatoires mettant en scène et portant au pinacle les rois des crapules !


 

2018 KGF Chapter 1 / 2022 KGF Chapter 2, de Prashanth Neel, kannada
    Le premier KGF (Kolar Gold Field) raconte l’histoire d’un petit gamin élevé par sa mère sans le sou qui, sur son lit de mort, lui fait promettre de devenir immensément riche. On suit donc la trajectoire du petit Rocky, gamin des rues qui fait pas de cadeau à Rocky l’homme de main qui ne fait pas dans la dentelle et qui cherche à devenir le Bhai, le "boss". Le film est aussi fin qu'un gateau au beurre bricolé par un patissier breton alcoolique, c'est simple, il en fait des caisses dès qu’il peut, à la moindre occasion et le reste du temps il en fait trop. Porté par une interprétation délirante, une musique plus pompière que ça tu finis sur un calendrier et une ampleur absolument hallucinante (en terme de lieux de tournages, de nombre de personnages ou d’enjeux), pour moi la générosité de KGF révèle tout ce qui ne va plus dans le cinéma américain qui n’ose plus rien, parce qu’il ne semble plus croire dans la force que peut offrir le cinéma, ayant perdu de vue ce qui faisait la force brute d'un mythe. Prasahanth Neel lui sait ce qui fait la force d'un mythe, et il va tout faire pour offrir une dimension mythologique à son personnage. Jusqu'à l'absurde, de manière décontractée, mais portant en lui une foi immense dans son entreprise. Sans cynisme, sans se trahir, sans se dégonfler, il ne prend jamais à la légère l’histoire qu’il raconte, et jamais il ne tente un second degré ricaneur qui, par un clin d’œil morveux, chercherait à prouver au spectateur que les auteurs ne sont pas dupes, et que nous sommes au dessus de tout ça. Il y a, pour moi, une foi pratiquement religieuse dans cette entreprise et KGF, dans sa démesure, avec ses nombreuses qualités et ses quelques défauts, en est la parfaite illustration. La générosité d’une telle entreprise contraste donc méchamment avec les blockbusters américains récents. Par exemple, Top Gun Maverick, aussi sympatoche soit-il, aussi « oh le bel avion ! » soit-il, fait figure de vulgaire seau de flotte. Une œuvre désincarnée, semblant avoir été tournée avec une poignée d’acteurs chouchoutés, dans un environnement stérile, vide, déprimant. Si loin de ces dizaines de figurants qui rappellent le défilé de pures gueules qu’offrait, jadis, Almeria et l’Andalousie aux westerns italiens. C’est simple, après avoir vu Top Gun, j’avais envie d'installer Flight Simulator sur mon ordinateur. Après avoir vu KGF, j’avais envie de casser des cloisons à coup de masse en chantant à tue-tête. Putain, mais quel bonheur de voir ça.
    Du coup, ben oué, salaam Rocky Bhai ! Et sachez que cette chanson déboule au bout d’une demie heure de film, durant lesquelles il s’est passé plus de choses que dans tous les blockbusters ricains de ces dix dernières années ! Et passées ces 30 premières minutes, il reste encore plus de 2 heures de film !
    Mieux que ça, il a un autre film qui suit !

(Salaaaaam Rocky Bhai ! Clic !)

    Le second KGF va pousser le bouchon un cran plus loin, fini les bagarres de rue et les embrouilles de mafieux, l’enjeu ici est politique, et l’ampleur prend une dimension nationale, tandis que la figure de Rocky devient carrément messianique. Le plus amusant est que le film s’encre dans une certaine réalité, étant donné que ces mines d’or existent réellement, et l'ambition d'en écrire une histoire alternative délirante est une des idées géniales de ce dyptique ! Alors bien sûr, comme pour le premier film, on pourrait s’attarder sur les défauts du film, peut être un peu trop long, parfois quand même un peu lourd, ou à l’occasion mis en image de manière un brin douteuse ou soutenu par des sfx un peu branques… Mais à nouveau, la générosité du bouzin force le respect. La mise en scène reste fort correcte et le film est, encore une fois, magnifique à regarder. Le spectateur n'a aucun effort à faire pour se laisser emporter par cet ouragan... "Toofan" dans la langue du film, le Kannada. Face à l'attitude morgue d’un des méchants, un pauvre hère, aveugle, prévient tout le monde : l’ouragan arrive. Putain Toofan ! Toofan ! Et t’envoies les trompettes pendant que Rocking Star Yash fait le kéké avec sa masse devant les esclaves libérés qui voient en lui leur messie. Définitif. Si t’es pas en train de gueuler devant ton écran ou si t’as pas envie d’aller casser des trucs, c’est que t’es mort. Alors qu’on pensait avoir tout vu, arrive in fine Jimmy Carter et le film s’achève sur la perspective d’un troisième opus qui sèche le spectateur, ahuri dans son fauteuil. Quelle histoire bordel, agréable comme un violent coup de tête, quand c'est toi qui colle le coup de boule.

 
(Toofan ! Toofan ! clic !!)
 

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2022 Pushpa the Rise de Sukumar, (hardcore) telugu
    Après avoir vu les deux K.G.F, et en attendant le 3, me voila excité comme un type qui a gobé un parachute de trop et qui se demande comment il va faire pour éviter de redescendre trop vite au pays des films tout mous où des persos en carton ont des aventures en plastique. Heureusement, le cinéma indien est plein de ressources. Du coup, cette année vient de sortir Pushpa : The Rise, sorte de KGF bis où le roi des mines d’or est remplacé par le roi des essences rares et des arbres qui coûtent cher. À nouveau, c’est un film de pure crapule, totalement immoral, et donc hautement jouissif. Un film qui porte en lui une partie de la filouterie italienne des années 70, probablement, encore une fois, grâce à un défilé de tronches impayables, son héros en tête, avec sa dégaine de Tomas Milian sauce curry. On suit donc ce type, vaguement vagabond, qui s’incruste dans un trafic de bois rare. Ça n’est plus du cinéma du Karnataka, où l’on parle le Kannada, mais du cinéma Telugu. « Hardcore Telugu » même, comme le dit le personnage principal, Pushpa, merveilleusement interprété par Allu Arjun. Il n’a pas l’épaisseur physique de Rocking Star Yash, mais sa petite barbe, son jeu d’épaule et son air de canaille font le taf sans souci. Décontracté, le film s’autorise une déviation vers la comédie romantique, abandonnant les tartes dans la gueule et les coups de pression pour des moments absolument consternants de naïveté. Soit. Ça n’est pas vraiment un souci étant donné que le film ne perd jamais de vue son objectif : donner une dimension mythologique à ce va-nu-pied qui va devenir, évidemment, le boss des boss du trafic de tronc d'arbre.    
    À noter deux chansons absolument géniales dans le tas, il y en a d’autres, mais elles sont quand même moins cool ! Il y a donc la chanson qui installe le héros et la menace qu’il représente...

(clic !)

 ...et une autre plus légère où sa dimension sexy est mise en avant !


(clic !)

    
    Au final, le film n’atteint peut-être pas l’ampleur du diptyque KGF, mais il reste une récréation fort amusante, soutenue par des acteurs qui font le taf, la plupart n’ayant qu’à montrer leurs trognes. Le film bénéficie également d'une superbe facture technique, et puis il propose surtout des bagarres aux chorégraphies inventives et surprenantes… dont certaines... ah ah, non je vous raconte pas. Merde, vous avez qu'à voir le film !

Je vous coule juste la goules des méchants... bordel, oubliez ce que je viens d'écrire, ça sert à rien de mégoter, c'est absolument mortel.




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2012 Gangs of Wasseypur 1 et 2 de Anurag Kashyap, hindi
    Classique du film de mafieux, le film, d’une durée déjà dantesque (5h20, divisée en deux parties), s’attache à suivre le destin de plusieurs familles de criminel, des années 40 aux années 90. Ici pas d’envolées lyriques à la KGF, pas de cabotinage à la Pushpa, c’est serious shit, c’est brutal et ça reste très terre à terre. Lorsqu’on voit certains films occidentaux, aux personnages présentés comme profonds,  et se gargarisant d’offrir une intrigue complexe, on ricanne bêtement, parce qu'ici, on joue clairement dans une autre division. Alors évidemment, le profane, français, risque d’être souvent perdu devant la profusion de personnages, ou de coutumes qui lui sont inconnues. C’est pas bien grave, la criminalité et le cinéma sont des langues universelles, on finit toujours par retomber ses pieds ! C’est bien sûr à voir, parce que ce genre de choses manquent tellement au cinéma occidental !
La bande annonce, ici, pour se faire une idée !

 

  

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2019 Kaithi de Lokesh Kanagaraj, tamil
    Bon, c’est simple, rien que le pitch du film devrait convaincre tout le monde de lâcher ce qu’il a à faire pour s’intéresser à ce Kaithi (Prisonnier), réalisé par Lokesh Kanagaraj. Imaginez, des keufs ont fait une saisie record, 800 kilos de cocaïne. Les chefs mafieux réunissent alors tous les marlous du coin (on est dans l’état du Tamil Nadu, dans le sud du pays) et mettent à prix toutes les têtes des keufs. Ces mêmes lardus célèbrent alors leur affaire autour d’un barbecue, mais la vodka a été empoisonnée ! Ils tombent tous dans les vappes, sauf un flic, qui ne boit pas, et qui a un bras cassé. Il arrive à mettre tous les corps de ses collègues inconscients à l’arrière d’un camion et oblige un mystérieux personnage à prendre le volant. Les tueurs prennent alors en chasse le camion. Le film, au demeurant fort sympathique, ne fait pas partie de mes préférés, mais il reste fort bien tricoté, les plans iconiques et les tronches patibulaires se suivant avec un rythme qui ne faiblit pas ! Du coup, faites-vous votre avis.
La bande annonce

    Cette année est sortie une sorte de suite, du moins un film se déroulant dans le même univers, et qui s’appelle Vikram, toujours réalisé par Kanagaraj. C’est également une sorte de remake déguisé d’un autre film, datant des années 80. Bref, de mon côté, je ne participe que mollement à l’enthousiasme général que le film semble avoir soulevé, l'ayant trouvé plutôt anecdotique, malgré quelques séquences plutôt funkys et malgré la présence de Kamal Haasan (un des méchants de KGF, entre autre, puisque sa filmo est longue comme le bottin de Mumbai) et de Fahadh Faasil (Amen, Trance, Pushpa...).

 




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2019 Sonchiriya, de Abhishek Chaubey, hindi
    Voila probablement un des films que j'ai préféré ! Alors, Sonchiriya, c’est d’abord le nom d’un oiseau, l’outarde à tête noire, mais c’est aussi le nom d’une petite fille, autour de laquelle va tourner toute l’intrigue de cet espèce de western très étrange. L’intrigue prend place dans les 70’s dans les ravines du désert de Chambal, dans le nord de l’inde, un paysage absolument unique, mais qui m'a quand même rappelé la Planet P de Starship Troopers – et donc les badlands du Wyoming - mais restons focus... On y suit un groupe de Dacoits, des rebelles opérant dans une zone grise, entre le banditisme et la guérilla populaire. Ils vont se retrouver face à une jeune femme en fuite qui tente d’emmener dans un hôpital une gamine de 4 ans, Sonchiriya, qui a été brutalement violée par le chef de famille que la jeune femme a assassiné. Cette dernière plaide sa cause auprès du groupe de rebelle afin qu’ils l’a protègent… C’est le point de départ de cette histoire absolument géniale, et de ce film aux qualités plastiques hallucinantes. Inutile de déflorer inutilement ce qui suit, ou de louer plus en avant la beauté de ce film terrible, sa mise en scène, son casting ou son écriture...Je vais me remettre ce morceau, issu d’un soundtrack, encore une fois, dément. Ah les frissons… Rarement un film ne m’avait  plongé dans un tel désespoir aussi jouissif.

 (Baaghi Re ! clic !)

 

 

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    Dans ma petite plongée à travers le cinéma indien de ces dernières années, voila probablement les auteurs et les films qui m’ont le plus impressionné. Lilo Jose Pellissery est un réalisateur issu de la région du Kerala, sur la côte sud ouest de l’Inde où l’on parle le Malayalam et où la moitié des habitants sont hindous, un quart musulmans et un quart chrétiens. Et c'est cette communauté chrétienne qui se retrouve au cœur de l’œuvre de Pellissery, plongeant ses films dans une ambiance très particulière, où sévit un catholicisme exotique et coloré. S'il m'est difficile, pour l'instant, de cerner les particularités du cinéma de cette région, et de ce réalisateur en particulier, disons simplement que l'on dégage certaines obsessions : la nourriture par exemple, la bagarre, les paires de claques et les front kicks claquettes aussi... mais également un recours systématique aux plans shootés du ciel filmant le sol à la verticale ! Il y a aussi un net intérêt à montrer l'humanité comme étant une masse informe et hystérique où la moindre occasion offre un aller sans retour au royaume des paires de claques et aux descentes aux enfers nocturnes...
    J’ai découvert la filmographie de Pellissery à l’envers. J’ai commencé par Jallikattu qui m’avait alors fort intrigué à sa sortie, et lorsqu'il était passé PIFFF. J’ai ensuite découvert le reste de sa filmo en remontant la piste jusqu’à Amen, son troisième film réalisé en 2013. Je n’ai pas vu ses deux premiers, Nayakan et City of God, sortis en 2010 et 2011, n'ayuant pu mettre la main dessus... Bon, inutile d'en rajouter, disons simplement que la découverte de Pellissery tient pour moi du miracle. Un cinéma que je cherchais depuis si longtemps, sans jamais le trouver nulle part.

 

 Lilo Jose Pellissery, une autre bonne bouille du cinéma indien !

 

 


2013 Amen, malayalam
    Amen se déroule dans un petit village côtier du Kuttanad (Kerala) et prend place autour d’une petite église syrienne. Solomon est un type sympa, amoureux d’une jeune fille adorable, mais qui vit dans l’ombre écrasante de son père disparu, grand joueur de clarinette. Alors que le village affronte un autre village dans un concours de fanfare, Solomon va devoir surmonter ses traumatismes et se libérer du poids du passé afin de s’accomplir en tant que joueur de clarinette virtuose, et remporter le trophée et le coeur de sa chérie… On retrouve un peu l’idée des films de sport où le héros doit s’entraîner, vaincre ses peurs et finalement défaire un ennemi réputé invincible, accédant à une nouvelle dimension où il trouvera enfin la paix. En ça, le « combat final » est grandiose, et si c’est loin d’être mon film préféré de la liste, il comporte quelques scènes remarquables, dynamisés par les dialogues et les performances colorées des personnages principaux. Je pense ainsi au moment où il est question de détruire l’église pour en construire une nouvelle, ce qui déchire alors le village en deux. Le débat qui anime les personnages est alors illustré par une chanson, Karuthiky Thithai. Un moment merveilleux...

(Karuthiku thithai, une chanson qui perd beaucoup
à ne pas être sous titrée, clic !)

    Un autre moment incroyable, c’est lorsque Solomon, déguisé en Jésus Christ pour une fête religieuse, se fait tabasser par le frère de son amoureuse. Il faut le voir se traîner au milieu de la foule, recevant des vielles calottes en pleine poire et portant un air de chien battu et une couronne d'épine sur la tête. Aussi tragique que désopilant. Au niveau du cast, on retrouve Chamban Vinod Jose, un gros nounours ultra charismatique qui aura fait ses débuts au cinéma dans les premiers films de Pellissery et qui va prendre, progressivement, de plus en plus d’importance, aussi bien dans la filmo du réalisateur, que dans l'industrie locale. Dans les thématiques présentées, on trouve déjà ici les idées qui reviendront de manière récurrente dans le cinéma de Pellissery : le festival, l’hystérie qui grandit, le personnage qui s’amuse discrètement à foutre la merde dans la communauté (ici au sens littéral)… À coté de ça le film est très correctement shooté, bien gaulé, bien écrit et propose un sacré paquet de plans magnifiques, une passion pour les courtes focales. Et si sur ce film je ne suis pas aussi enthousiaste que je pourrais l'être, c’est simplement à cause de ce qui va suivre !

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2015 Eratta Kuzal (Double Barrel), malayalam

   
Deux ans plus tard, Pellissery sort Double Barrel, une pochade tarantinesque ultra référencée tournant autour de deux cailloux fabuleux que se disputent tous les puissants du monde, depuis l’âge des cavernes, et dont l’histoire nous est racontée au travers d’un dessin animé génial servant de générique au film. 
 

 
(Athala Pithala, regardez-moi ça, quelle entrée en matière ! clic !)
(d'une certaine manière, convoquer ainsi Adolf Hitler et Darth Vader m'a fait
penser au générique fabuleux de Balada Triste, le chef d'oeuvre de De La Iglesia,
même si les génériques, et leurs sens respectifs, sont très différents)

    On suit donc le destin de ces deux pierres, qui ne valent rien lorsqu’elles sont séparées, mais qui valent tout l’or du monde lorsqu’elles sont réunies, et qui sont convoitées par une improbable collection de personnages très cartoons. Le film, très très stylisé, cumulant les références à fond les ballons, faisant l’usage abondant de filtres pisseux et de coquetteries diverses divertit, amuse autant qu’il ennuie et agace. Les personnages sont plutôt fatiguants et l’intrigue franchement confuse. Reste qu’in fine, la bonne humeur foutraque finit par l’emporter, probablement dû à l’indulgence motivée par la sympathie que dégage ce réalisateur et une partie de son cast, mon chouchou Chambad Vinod Jose en tête !
    Double Barrel reste pour moi le film le moins intéressant de la carrière de Pellissery, pas tant à cause de ses limites et de ses outrances un peu casse bonbon, que parce qu’il y a dans cette singerie tarantinesque moins de choses intéressantes à découvrir que dans ses autres films plus tournés vers la culture de sa région et de ses villages. Son film suivant va d’ailleurs faire un demi tour à 180° qui va s’avérer fort payant !
 

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2017 Angamaly Diaries, malayalam
    Deux ans plus tard, Pellissery signe donc ces géniales chroniques d’Angamaly... Et contrairement à Amen, qui semblait être une petite bluette aux frontières du fantastique, où s’ébrouait joyeusement une troupe de personnages colorés, nous sommes ici dans une approche plus réaliste, parfois quasi documentaire, se déroulant dans les quartiers de Angamaly, une ville bruyante et agitée du Kerala.
    Angamaly Diaries raconte donc l’histoire d'une bande de potes qui grandissent ensemble et qui, arrivé à l'age adulte, seront obsédés à l'idée de former un gang. Ils vont tenter divers petits business,
notamment l’élevage de cochons, et les inévitables bagarres qui découleront de toute cette affaire nous emmèneront à un climax remplis de bourre-pifs se déroulant lors d’une cérémonie religieuse, entre les pétards et les feux d’artifice. On retrouve ici les thèmes que le réalisateur, et plus tard son assistant Tinu Pappachan lorsque ce dernier passera à la réalisation à son tour, ne cesseront d'investir : la bouffe, une humanité en proie à l'hystérie et les front-kicks claquettes. La propension qu’ont ces gens à se battre en tongs est absolument fascinante ! Le film déroule une trame touffue, parfois un brin complexe à suivre, où une foule de personnages s'agitent devant un spectateur parfois un peu largué, jusqu'à ce que les lignes narratives se resserrent, nourrissant une hystérie qui déboulera sur de grandes scènes de bastons où foisonnent donc ces fameux front kicks claquettes et autres pirouettes pif paf aux surprenantes chorégraphies. Le film s’ouvre ainsi sur une bande de types partant corriger des mecs déguisés en personnages de la mythologie biblique (!) occupés à picoler dans un bar. L'échauffourée qui va suivre, et son aspect résolument burlesque, me rappelle (à nouveau) le cinéma de De la Iglesia. Il y a, dans cette hystérie délirante, une évidente proximité, et cette proximité avec le réalisateur espagnol, on y pense régulièrement, notamment au détour d’une rocambolesque scène d’enterrement où un corps, trop épais, ne permet pas la fermeture correcte du cercueil, l’empêchant de rentrer dans son caveau, provoquant… bref, encore une fois, voyez le film. 
 
    On découvre ici une galerie d’acteurs que l’on retrouvera avec grand plaisir dans les films suivants, il y a là la (future) star Anthony Varghese, mais aussi une tripotée d’autres qu’il serait bien inutile de nommer ici. Disons simplement que mon pote Chambod Vinod Jose est de la partie, même si ce n’est là que pour un petit caméo, et qu’on découvre Tito Wilson, que l’on retrouvera par la suite et dont j’apprécie la bouille aimable et le talent débonnaire qu’il met au service, ici, d’une belle crapule.
    Probablement un chouia moins définitif
que les films qui vont suivre, Angamaly Diaries est tout de même une réussite éclatante, grouillant de moments fabuleux et de scènes excitantes, portées par un soundtrack génial que l’on doit à Prashant Pillai. Pillai fait la zik des films de Pellissery depuis son premier film et restera à ses côtés jusqu’à son avant-dernier, Jallikkatu. Je serais bien en peine de décrire la zik de Pillai, aux croisements du folk local et de l’électroclaquette dont on a ici, un sympathique aperçu :



(clic)

 et là aussi avec le titre "Theeyame"
 


(clic)

 

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2018 Swathanthryam Ardharathriyill, malayalam
    Une petite digression pour évoquer le premier film de Tinu Pappachan, l’assistant de Pellissery sur Angamaly Diaries, et qui sur deux films va développer une oeuvre parallèle, aux obsessions similaires, semblant prolonger ce qu'offrait, parfois de manière retenue (eh oui), Angamaly Diaries. En 2018, donc, il réalise son premier long métrage au titre alambiqué signifiant « liberté à minuit ». Et c’est pas forcément fortuit que ce titre rappelle ainsi Midnight Express, puisqu’après une mise en place un peu fouillie, le film s’installe dans un récit de prison où Jacob (joué par l'impeccable Anthony Varghese) va chercher à s’évader pour retrouver sa bien aimé, et régler quelques comptes à coup de taloches. Autour de lui, on retrouve bien évidemment mon gars sûr Chemban Vinod Jose, et quelques autres comme Tito Wilson. Le film est plutôt cool, et propose évidemment son lot de scènes de bagarres en tongs, dont une qui rappelle fortement la grande baston en prison de The Raid 2. Très sympathique, ce film n'est encore qu'un coup d'essai qui ne sera vraiment transformé qu'au film suivant !

    À partir de là, Pellissery et Pappachan vont enchaîner les chef d'oeuvres...


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2018 Ee.Ma.Yau. (R.I.P.), malayalam
    La même année Pellissery sort Ee.Ma.Yau, abréviation de Eesho Mariuam Yauseppe, une prière chrétienne que l’on chuchote à l’oreille des mort. Mon Dieu, suis-je puis me permettre, quel film ! Cette fois-ci, le rôle principal est tenu par mon petit préféré Chemban Vinod Jose qui interprète le rôle d’un type qui promet à son père, un soir de beuverie, que lorsque le temps sera venu, de l’enterrer comme un roi. Le soir même, le père décède, le fils va essayer d’organiser des funérailles grandioses. Rien ne va se passer comme prévu, et de gaffes en catastrophes, l’enterrement va tourner au désastre, oscillant entre la comédie, vaudeville et le drame intime. Autant le dire simplement, c’est un chef d’œuvre. Un film que je vais revoir, encore et encore parce que la tragédie qui enveloppe progressivement le fils jusqu’à un final déchirant est l’une des plus belles et poignantes histoires que j’ai pu voir ces dernières années. Difficile de trouver les mots pour louer la virtuosité de la mise en scène, la qualité du scénario, de son interprétation et de l’émotion qui se dégage de toute cette histoire. Comme pour Amen, les humains de cette communauté chrétienne semblent être, inconsciemment, les jouets de personnages extraordinaires (dans les deux films, des Anges, même si cet aspect reste en filigrane, dans le fond du récit). Comme souvent, les personnages évoluent dans un petit village, une petite communauté chrétienne qui se réunit autour d’une célébration rituelle. Comme à chaque fois, tout part de traviole au fur et à mesure que l’hystérie saisit les personnages... Brillantissime.

 

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2019 Jallikattu, malayalam
    Après l’excellent Ee.Ma.Yau, Pellessiery livre en 2019 son film probablement le plus connu, et le plus fou à ce jour ! Dans un petit village du Kerala (comme d’habitude), un boucher et son assistant tuent chaque nuit un buffle pour en vendre la viande le lendemain matin aux habitants. Un soir, l’animal se libère et s’enfuit dans la forêt alors tout le village se lance à sa poursuite. Au fur et à mesure que le temps passe, l’hystérie gagne toute la région, plongeant les habitants dans la bestialité. Voila le film où la mise en scène de Pellissery atteint ses sommets. Dès le tout début du film, le réalisateur impose un tempo étrange alors que nous sont dévoilés les protagonistes du film, leurs routine et leur environnement, rythmés par le bruit d’une pendule, puis par le score incroyable de Pashant Pillai. Cette entrée en la matière brillantissime plonge directement cette intrigue dans une atmosphère à la lisière du fantastique, prélude au déchaînement halluciné qui va suivre. Bien évidemment, on retrouve devant la caméra les compères de Pellissery, les deux bouchers étant interprétés par les incontournables Chemban Vinod José et Antony Varghese et toujours ces obsessions sur la nourriture, la violence et l'hystérie. Un chef d'oeuvre, qui se hisse au dessus d'une mêlée de films déjà tous plus impressionnants les uns que les autres.

 (encore une fois, quel soundtrack ! clic !)
 
 
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2021 Churuli, malayalam
    Deux ans après son histoire de buffle, Pellissery revient avec une intrigue encore plus barrée qui porte le titre de Churuli, signifiant "enroulé". Cette fois-ci, nous suivons deux flics (mon gars sûr Chemban Vinod José et un nouveau venu chez Pellissery, Vinay Forrt) qui partent dans un petit village perdu dans la jungle du Kerala, persuadés qu’ils vont pouvoir y débusquer un criminel en fuite. Arrivé sur place, ils se font passer pour deux ouvriers agricoles et débutent leur enquête. Sauf que le village semble être en proie (encore une fois) à une hystérie étrange, tandis qu’une oreille attentive note qu’à la radio, on évoque une invasion extra terrestre !
    Le film s’ouvre sur une légende, un moine s’enfonce dans la forêt pour y capturer un esprit maléfique, il ramasse sur son chemin un pangolin qui va lui indiquer son chemin. Le moine n’a pas réalisé que l’animal est en fait l’esprit maléfique qui va le pousser à se perdre dans la forêt. Bien évidemment, cette fable est une allégorie de l’intrigue du film. Ou peut-être est-ce l’inverse. Si on trouve ici encore les obsessions de Pellissery, notamment autour de la nourriture, ou son gout pour une narration qui semble parfois errer sur un terrain fantastique, l’ambiance particulière que dégage ce petit village contamine le film, jusqu’à son incroyable, et inattendu, dénouement. Si ses films précédents évoquaient parfois une sorte de De La Iglesia indien, cette fois-ci, et c’est probablement un sentiment fort personnel, j’ai pensé à Shane Carruth, au feeling étrange qu’exhale son second long métrage, Upstream Color. Comme pour ce films, j’ai été proprement envouté même si, in fine, je n’ai pas compris grand-chose à toute cette affaire, et qu’il m’a fallut aller voir sur internet les textes d’exégètes au jus qui t’expliquent avec des mots le sens concret de ce que tu as ressenti. Effectivement, quelle histoire ! Pour la première fois, Pellissery a tourné le dos à son musicien fétiche pour commander un score à Sreerag Saji, qui écrit là sa première musique de film. La réussite envoutante et parfois presqu’hypnotisante du film doit beaucoup à cette partition géniale :



(clic)
 

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2022 Ajagajantharam, de Tinu Pappachan, malayalam
    Alors que Pellissery était parti tourner son étrange film de science fiction dans la jungle, son ancien assistant va de son côté pousser leurs concepts mutuels jusqu’au délire. Ajagajantharam est une expression malayalam qui évoque l’énorme différence qu’il y a entre une chèvre et un éléphant, une expression tournant donc autour de l'idée de gigantisme. Il est ici question d’un festival donné dans un petit bled, autour d’un temple. Durant toute la première partie du film, vont se presser différents personnages, une troupe de théâtre à la dérive, l’anniversaire d’un mafieux, un mariage, des jeunes qui cherchent l’embrouille et deux types qui se pointent avec leur éléphant. Les évènements vont se succéder, sans qu’on ne comprenne vraiment grand-chose à tout ce fatras. Et puis, progressivement, au fur et à mesure que la tension monte et que les égos s’excitent, les différents arcs narratifs vont se resserrer autour de Lali, l’un des deux cornacs, joué par l'inévitable Anthony Varghese. La colère et l’hystérie qui se sont emparées du festival vont alors se cristalliser sur lui et, à partir delà, c’est la ville entière qui veut maintenant sa peau. Heureusement, Lali a avec lui un éléphant… La bagarre éclate. Ajagajantharam représente probablement une sorte d’idéal fabuleux pour moi, une montée de fièvre où se multiplient les images marquantes, une approche réaliste  qui vire doucement au cauchemar surréaliste au fur et à mesure que la nuit s’installe. Si le propos est peut-être ici différent, il y a une proximité évidente avec la dimension quasi documentaire d’Angamaly Diaries, et avec la peinture d’une humanité qui sombre dans ses retranchements reptiliens de Ee Ma Yau et surtout de Jallikattu. Mais Pappachan semble délaisser l'observation d'une humanité à la dérive au profit de ce que représente, cinématiquement parlant, son explosion à travers la violence. Encore un film incroyable, génial, virtuose. Encore une fois, un putain de chef d'oeuvre !

 

 
Allez paf ! Front kick direct dans la gamelle de curry !

    Musicalement, c'est un festin. Tchékez donc ce morceau, Ollulleru ollulleru, lorsque l'anniversaire du mafieux, le mariage en cours et le festival connaissent un climax festif, avant que tout parte en patates...



Ollulleru ! Ollulleru ! (clic)

ou ce morceau entêtant, "Dannana Dannana",
qui permet d'avoir un aperçu de la beauté du film ! (clic)

...mais quel soundtrack ! (clic)

     Du coup, aujourd'hui, j'attends avec impatience les prochains films de Pellissery et Pappachan. Pour Pellissery, en 2023 va sortir Nanpakal Nerathu Mayakkam, dont voici un premier teaser intriguant ! Pappachan lui prépare Chaver...

 


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Pour finir avec le cinéma en malayalam, je citerai deux autres films notables :

 

2019 Moothon (« Grand frère ») de Geetu Mohandas, malayalam et hindi
    
Voila un film assez unique, d’abord parce qu’il est réalisé et écrit par une femme, ce qui est plutôt rare, voire exceptionnel pour le cinéma de Mollywood, et puis par les sujets que le film décide de traiter. Il est ici question d’un jeune gamin, Mulla, qui fuit seul l’île où il vit pour essayer de retrouver, à Mumbai, son grand frère Akbar. Une quête qui va faire écho à celle de son frère, narrée en flashblack, et qui va brasser tout un tas d'espoirs déçus qui sombreront tous, irréversiblement, dans l’horreur. C’est un film qui touille le sordide et qui, à mi chemin, s’offre une déviation d’une incroyable délicatesse, offrant à l’horreur de la réalité une dimension tragique terrassante. Moothon deale sans pudeur avec la prostitution, la toxicomanie, le trafic d’enfants, la pauvreté, la criminalité et l’homosexualité, c’est une aventure au pays des marginalisés et des laissés pour compte, c’est une descente aux enfers d’une tristesse absolue, souligné par un score magnifique. C'est un film d’un courage admirable, qui brille par ses fulgurances poétiques, un chef d’œuvre nihiliste, porté par une poignée d’acteurs stupéfiants, Nivin Pauly en tête, absolument terrifiant lorsqu’il expose une gueule ravagée par l’héroïne et la tristesse. Encore une claque dans la gueule.
    « Fun fact », à l’orphelinat de Mumbai, l’un des gamins parle de sa mère qu’il présente comme la Reine de
Kamathipura (le quartier des putes à Mumbai), une femme « badass » et qui est une itération d’une des reines de Mumbai, mis en scène cette année dans Gangubai Kathiawadi !

 

 
La goule pas commode de Nivin Pauly (clic !)

 Le trailer

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2020, Trance de Anwar Rasheed, malayalam

  L’intrigue du film suit Viju Prasad, un type un peu raté, malmené par la vie, qui va être embauché par une multinationale mystérieuse afin de jouer le rôle d’un prêcheur évangéliste. Malgré son sujet et sa description édifiante des shows évangélistes, le film n’est pas pour autant une simple charge contre la religion, mais se révèle plutôt comme une description désabusée du fanatisme et de la dépendance aux faux prophètes, comme aux produits stupéfiants. Autour de ce propos, se dessine une architecture mystique assez déconcertante, articulée autour de symboles christiques (les noms des personnages par exemple, ou certains épisodes, évoquant Marie Madeleine ou le sacrifice d’Abraham). Durant presque trois heures, Trance suit un chemin inattendu, mais aussi tortueux soit-il, le spectateur est emporté par la réalisation magnifique d’Anwar Rasheed, qui jongle avec les tics habituels du cinéma de Mollywood (plans du ciel, filmant le sol à la verticale, courtes focales), et une mise en forme souvent plus classique, mais toujours efficace. Je ne résiste pas au plaisir de vous dire que Viju est joué par Fahadh Faasil, toujours aussi bon, et que l’un des deux mafieux est interprété, avec délice, par l’inénarrable Chemban Vinod Jose.
Le trailer.

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    Pour clôre, pour l'instant, ce petit tour d'horizon de ce que j'ai vu cette année de plus enthousiasmant, je terminerai par deux films un peu à part...

 

2018 Tumbbad de Rahi Anil Barve, hindi
    Voila un film assez étrange, une histoire de malédiction et de cupidité, tournant autour d’une vieille sorcière et d’un démon, se déroulant dans un coin reculé sur la côté ouest du pays, au début du XXème siècle. Clairement, ce film à la production rocambolesque (un petit tour sur wikipedia vous apprendra tout de cette histoire s’étalant sur des années, un film qui a été tourné, puis intégralement retourné par un auteur qui s’est accroché coûte que coûte à son projet) semble handicapé par un budget pas à la hauteur des ambitions ici déployées. Au final, le film est inabouti, un peu boiteux, et certains choix se révèlent malheureux comme le design du démon, sorte Rascar Kapac écarlate en deça d’une direction artistique globalement très réussie. Tumbbad, cette ferme à l’abandon au cœur de terres désolées où il ne s’arrête jamais de pleuvoir est un lieu absolument fascinant, un cadre spectaculaire parfait pour cette fable sur la cupidité. Dommage, Tumbbad reste une curiosité intéressante, mais inaboutie.
Le trailer.

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2022 Kantara de et avec Achyuth Kumar, kannada
    Voila un film déconcertant, se déroulant dans un village où les habitants braconnent et pillent la forêt, et mettant en scène un héros qui picole et jette ses canettes partout, fume et parle mal aux filles. Face à eux, des gardes forestiers essayent de faire respecter la loi qui veille à protéger l'écosystème local. Durant tout le film, ce seront les antagonistes de l'intrigue. Ce qui m'a laissé franchement perplexe. Ceci dit, cette intrigue s'entortille avec une autre, plus importante, liée aux croyances locales. Et c'est là que réside l'intérêt majeur du film, dans cette approche pop de rituels étranges, venant d'une région très reculée. À ce sujet, le film est passionnant, et comme il mêle la religion à la bagarre, il est assez fun à suivre. Un objet particulier, mais très curieux !

Le trailer.

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2020-22 Panchayat. S01 et S02, hindi
    Et parce qu'il n'y a pas que le cinéma, Chabd m'a fait découvrir Panchayat, une série comportant pour l'instant 2 saisons et absolument impayable sur un citadin qui se retrouve fonctionnaire à la campagne... Il va alors rencontrer une gallerie de personnages haut en couleurs, et faire face aux difficultés locales. Bien joué, bien écrit et bien foutu, voila une série feel good absolument délicieuse !
Le trailer !
 
 
 
    Voila, c'est tout pour le moment, j'ai mis de côté des films comme Marakar the lion of the Arabian Sea, Shamshera, Ponnyan Selvan: I, Beast, The Kashmire Files et quelques autres. Pas forcément des mauvais films, mais clairement des films qui m'ont nettement moins enthousiasmé ! Et j'ai une liste de films à voir qui ne fait que grandir au fur et à mesure que je creuse. N'hésitez donc pas à vous jeter là-dedans et à écouter les conseils de ceux et celles qui suivent ce cinéma depuis des années !

    Je vais essayer de mettre cette page à jour régulièrement... Parce que des films comme Muddy, Saani Kaayidham, Thallumaala, Kala et tant d'autres vont probablement rejoindre cette liste ! Et on ne parle ici que de films sortis ces dernières années !