Tout a été dit, ou presque, sur les Dents de la mer de Steven Spielberg. Sorti en 1975, le film cristallise un instant un peu magique, celui qui vit le film d'auteur percuter la première génération de "blockbusters". L'histoire était une aventure humaine, elle n'était pas encore le simple argument d'une pornographie du désastre qui caractérisera vite le genre. Tourné sur la petite île de Martha's Vineyard, les Dents de la mer est un film admirable qui a su profiter au maximum de ces paysages et de la population locale pour faire vivre sa première partie. A l'instar de Mad Max 2 avec Broken Hill, les Dents de la Mer est un film indissociable de l'endroit où il a été tourné.
Il y aurait un livre entier à écrire sur les figurants des Dents de la Mer, tronches rocambolesques et faces anormalement hilares, costumes étranges et postures ésotériques, les habitants qui hantent les seconds plans du film lui offrent une ambiance, une profondeur même, particulière.
Et puis il y a les chiens.
Dans ce film, tout le monde semble avoir un chien, à tel point qu'on se prend à rêver, et s'il existait quelque part un montage, une version, des Dents de la mer pensée pour l'engeance canine. De la victime Tippett aux toutous des pêcheurs, du cabot des Brody à celui de Quint. Les Dents de la Mer semble être plus une histoire de clébards qu'un récit de poissons.
Dans ce film, tout le monde semble avoir un chien, à tel point qu'on se prend à rêver, et s'il existait quelque part un montage, une version, des Dents de la mer pensée pour l'engeance canine. De la victime Tippett aux toutous des pêcheurs, du cabot des Brody à celui de Quint. Les Dents de la Mer semble être plus une histoire de clébards qu'un récit de poissons.
Ils sont là, tout le temps, jusqu'à ce que le film arrive finalement à s'en émanciper en quittant le rivage. Alors que trois humains sont partis venger Tippett, un autre petit cabot attendra longtemps, la truffe pointée vers le large, que son maître revienne.
Voici donc un petit passage en revue des apparitions de nos amis à quatre pattes. Afin de rendre hommage aux héros les plus discrets de ce chef d'oeuvre intemporel.
C'est lui, le premier a apparaître à l'écran. Ce chien pas très beau qu'on va voir deux ou trois fois dans le film. A chaque fois, ce pauvre animal va jouer comme une patate. Il ne sait pas où poser le regard et finit immanquablement, même dans un plan très court, à regarder la caméra, puis derrière la caméra, trahissant un désarrois certain et une interrogation évidente sur sa présence à cet endroit. De manière évidente, il représente la conscience de Martin Brody, un flic new yorkais qui a peur de l'eau et qui est venu vivre sur une île.
Un petit peu plus loin, c'est au tour de la vedette canine du film d'occuper l'écran. Non seulement le chien est introduit dans le récit avec soin, mais en plus le noble animal est mis en valeur par une multitude d'angles et de plans différents.
En l'abandonnant un instant pour y revenir, le montrant dans l'eau, hors de l'eau puis y retournant, l'emphase que le film déploie en tournant autour de ce chien amène la menace. Le suspense, on s'attend à ce que le quadrupède soit dévoré par le requin, l'attente de l'attaque se focalise sur le sort de ce pauvre animal.
Un moment d'inattention, de distraction,
D'abord au second plan, puis de dos, le désarrois du maître de Tippett semble exclu de ce qui se passe sur la plage.
Le nouvel intérêt que le film porte à ce personnage en polo jaune trouve une conclusion tragique.
Une conclusion qui établit sans erreur que le monstre est là, qu'il était déjà là, qu'il a toujours été là. La plage idyllique est devenu un monde hostile. De Tippett, il ne reste que son jouet. Un petit bout de bois flottant misérablement comme stèle.
Tippett ne fut pas la première victime du cartilagineux et sa mort, qui sera injustement passée sous silence dans les scènes suivantes, forcément éclipsée par le drame qui frappera la famille Kidner, ne saura faire oublier l'exceptionnelle prestation de l'animal. On ne s'étonne guère, donc, de découvrir que les fans du film ne l'ont pas oublié. Le chien a sa fiche wiki, où l'on apprend notamment que Pipit (son véritable nom) est joué par... un chien.
On apprend également que cette chienne venait de la ferme Pimpneymouse, située sur la presque île de Chappaquiddick, tout à l'est de Martha's Vineyard. La chienne est décédé en 1978 et repose désormais dans le jardin de la ferme. Une pierre a été posée sur sa tombe avec l'inscription "star of jaws"...
L'horreur des évènements qui eurent lieu sur la plage conduisent à une réunion de crise entre la mairie, la police et quelques habitants.
Un moment d'inattention, de distraction,
D'abord au second plan, puis de dos, le désarrois du maître de Tippett semble exclu de ce qui se passe sur la plage.
Le nouvel intérêt que le film porte à ce personnage en polo jaune trouve une conclusion tragique.
Une conclusion qui établit sans erreur que le monstre est là, qu'il était déjà là, qu'il a toujours été là. La plage idyllique est devenu un monde hostile. De Tippett, il ne reste que son jouet. Un petit bout de bois flottant misérablement comme stèle.
Tippett ne fut pas la première victime du cartilagineux et sa mort, qui sera injustement passée sous silence dans les scènes suivantes, forcément éclipsée par le drame qui frappera la famille Kidner, ne saura faire oublier l'exceptionnelle prestation de l'animal. On ne s'étonne guère, donc, de découvrir que les fans du film ne l'ont pas oublié. Le chien a sa fiche wiki, où l'on apprend notamment que Pipit (son véritable nom) est joué par... un chien.
On apprend également que cette chienne venait de la ferme Pimpneymouse, située sur la presque île de Chappaquiddick, tout à l'est de Martha's Vineyard. La chienne est décédé en 1978 et repose désormais dans le jardin de la ferme. Une pierre a été posée sur sa tombe avec l'inscription "star of jaws"...
L'horreur des évènements qui eurent lieu sur la plage conduisent à une réunion de crise entre la mairie, la police et quelques habitants.
Après la réunion, Quint quitte les lieux. Derrière lui, son vieil assistant, au bout de la laisse, un petit chien tout noir.
Plus tard, dans la soirée, le chien des Brody joue toujours comme une patate et ne peut pas s'empêcher d'implorer du regard toute l'équipe technique que l'on peut deviner blotti derrière la caméra. Le chef semble, plus que jamais, tourmenté.
Pour la scène où l'on voit tous les pêcheurs amateurs en train de préparer une flottille de coques de noix, c'est tout un chenil qui semble avoir été mobilisé.
Un brave toutou sur le ponton.
Deux autres corniauds.
Le caniche, avant de sortir du champ, s'arrête un instant et vérifie si son copain est bien derrière lui.
Deux clébards à bord. Dont un qui ne semble pas particulièrement content d'être là.
De retour sur la terre ferme, tout le monde se presse autour de la carcasse sans vie de ce beau requin tigre. Tout à droite de l'image un figurant, aussi mauvais que le chien des Brody, interroge du regard quelqu'un derrière la caméra...
Dans la seconde qui suit, celui que nous appellerons donc "l'Homme Orange au Tricot de Peau Vert" s'empresse de montrer le poisson martyrisé à ses deux chiens.
Qu'espéraient-ils ? Que les chiens veuillent mordre l'animal mort dont la majesté était déjà souillée par une tripotée de figurants bigarrés ?
De la même manière, qu'espéraient-ils avec cet étrange figurant ?
Plus tard, plusieurs scènes décrivent l'arrivée des touristes. Les chiens ne sont pas en reste. Là, sur le trottoir à droite sur l'image.
Sans nul doute, ces quelques chiens ne sont pas les seuls. Beaucoup d'autres chiens sont quelque part, sur l'une ou l'autre des images du film, cachés derrière un véhicule ou dissimulés par les jambes de leurs maîtres.
La partie "terrestre du film" s'achève et laisse sa place à la grande partie de pêche, ainsi la conclusion de la présence canine dans les Dents de la Mer est dans ce dernier plan.
La partie "terrestre du film" s'achève et laisse sa place à la grande partie de pêche, ainsi la conclusion de la présence canine dans les Dents de la Mer est dans ce dernier plan.
Alors que les trois personnages du film et quelques figurants barbus sont affairés à préparer l'Orca, le petit chien de Quint reste en retrait de l'image, comme une simple amorce dans le coin inférieur gauche. Entame noire, ténébreuse, sorte de doigt projetant le regard et l'attention du spectateur vers le centre de l'image où réside le bateau. Le chien jette un œil noir sur le sort de ces gens, comme s'il savait déjà que le bateau était trop petit.
...et qu'il ne reverra jamais son maître
Du chien des Brody, abandonné dans son propre foyer au chien qui jouait avec son bâton et que la mort blanche happa ; des chiens du fond de l'écran à ceux qui voyagèrent sur les flots, au gré de la folie des hommes, Les Dents de la Mer semble être, pour nos fidèles amis, un véritable catalogue de l'horreur. Et si la placidité de ces animaux semble se répéter de plan en plan, c'est parce que c'est dans le hors champ que leur détresse se livre. C'est bien après le générique que le chien de Quint commencera à s'inquiéter, puis à pleurer son maître et c'est toujours à un autre moment et à un autre endroit que se trouve la caméra, que Tippett est pleuré.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup tes articles ainsi que ta curiosité.
Bonne continuation à ton blog.
merci ! :)
RépondreSupprimerJoli!
RépondreSupprimer