mercredi 4 janvier 2012

ROB BOTTIN - LE DERNIER EMPEREUR DES ANNEES LATEX


I - Une ascension précoce et éclair
Robin Bottin naît le 1er avril 1959 à El Monte en Californie (banlieue de LA).
Cadet d'une famille de 5 enfants, c'est son père, chauffeur professionnel à la solde des studios hollywoodiens, qui forcera involontairement sa vocation en lui montrant une armoire renfermant la réplique en caoutchouc du monstre de Frankenstein...
Profondément marqué par cette vision, il s'intéresse dès son plus jeune âge au cinéma fantastique et aux différentes techniques de maquillages spéciaux.
En 1974, alors que Rob n'a que 14 ans, il prend son courage à deux mains et décide d'envoyer des ébauches de ses créations à celui qui deviendra bientôt son mythique mentor : Rick Baker.
Ce dernier, très impressionné par le talent de l'adolescent, fait de lui son jeune apprenti et le prend immédiatement sous son aile. Devant la motivation quasi obsessionnelle du jeune Bottin, l'école où il est alors scolarisé acceptera même de ne lui faire la classe que le matin, lui permettant ainsi de passer toutes ses après midi dans les ateliers de Rick Baker.
C'est en 1976, à l'âge de 17 ans, que Bottin entamera sa carrière cinématographique à proprement parlé, en tant qu'apprenti et assistant de Baker sur le "King Kong" de Guillermin. Hélas, étant jugé trop jeune par les pontes de la MGM pour venir sur le plateau, il travaillera durant tout le tournage dans le garage de Baker et ne sera finalement pas crédité au générique.

 ("King Kong" de John Guillermin, 1978 : première participation méconnue de Bottin à un film de cinéma)

Dans la foulée, il continue son apprentissage en assistant à nouveau son professeur débordé par la conception d'innombrables créatures pour la fameuse scène de la cantine du Star Wars de Lucas.

 ("Star Wars" de George Lucas, 1977 : pour la fameuse scène de la cantine, même le jeune Bottin en était)

En 1977, nouveau tournant dans la vie de Bottin : il monte la société Rob Bottin Productions, son propre studio d'effets spéciaux, alors qu'il vient tout juste d'avoir 18 ans.
En 1978, sur le tournage de "Furie" de Brian De Palma, Baker réalise alors que son disciple commence à surpasser le maître, et cette énième collaboration entre les deux hommes marquera la fin de l'apprentissage pour le jeune surdoué californien...
Aussi, c'est toujours en 1978 que Bottin entamera son premier projet "en solo" pour le "Piranha" de Joe Dante sous l'égide de Roger Corman, où il participera à la confection de la méchante poiscaille aux côtés, notamment, de Chris Walas et Phil Tippett, en plus de quelques effets gores.

("Piranha" de Joe Dante, 1978 : pour son premier projet sans Baker, Bottin offre même un cameo en servant de modèle à sa propre création)

La même année, Bottin est embauché par New World Pictures, la boite de prod de Corman, et ce juste après avoir obtenu son diplôme universitaire, et participera ensuite aux SFX du documentaire TV "Manbeast ! Myth or Monster ?", et animera pour le compte de Corman une souri géante dans "Rock 'n' Roll High School" d'Allan Arkush (ah me demandez pas hein, ce sont SES oignons après tout), où il fera la connaissance du directeur de la photographie Dean Cundey, une rencontre tout sauf anecdotique, mais l'avenir nous le prouvera bien assez tôt. L'année suivante, il assistera Greg Cannom pour les maquillages simiesques du "Mistress of the Apes" de Larry Buchanan.
 

Mais c'est en 1980 que Bottin, juste après avoir créé les créatures de "Humanoïds from the deep" (et en avoir interprété l'une d'elles) pour Corman puis participé à l'élaboration de certains effets gores sur le "Maniac" de William Lustig sans être crédité, provoque une rencontre des plus déterminantes : après avoir vu et adoré "Halloween", récent succès surprise dont la photo fut composée par son pote Dean Cundey (qui deviendra un fidèle complice de Carpenter, avant de rejoindre les chemins de Spielberg ou de Zemeckis), il se met en tête de rencontrer son jeune réalisateur et scénariste, un certain John Carpenter. Cundey organise alors une rencontre entre les deux lascars, et le courant passe à ce point que Carpenter confie à Bottin une partie de la réalisation des SFX de son nouveau long métrage : "The Fog", une production Avco Embassy Pictures. Rob se chargera de concevoir quelques faciès de marins zombifiés qui ne seront finalement pas retenus et, comme dans "Piranha", il se consolera en apparaissant à l'écran sous les traits du capitaine en décomposition : Blake.

("The Fog" de John Carpenter : sous le maquillage de Blake, Bottin ne sait pas encore qu'il vient sans doute de faire la rencontre la plus déterminante de sa carrière)

L'année suivante marquera une nouvelle étape dans la vie de Rob Bottin : Baker fait à nouveau appel à ses services pour les besoins de "Hurlements", un film de loup-garou encore produit par Avco Embassy Pictures, où il retrouvera ses complices de "Piranha", le réalisateur Joe Dante et le scénariste John Sayles.
Or, alors que les deux hommes se mettent au travail, Baker est rattrapé par une autre obligation : la direction des SFX d'un autre film de lycanthrope, "Le loup-garou de Londres" de John Landis, loti d'un budget autrement plus confortable que le bousin de Dante. Aussi, Baker abandonne brusquement le navire "Hurlements" et laisse l'entière responsabilité de ses effets spéciaux à son jeune disciple.

("Hurlements" de Joe Dante, 1981 : Rob Bottin cogite sur le plateau)

Ce dernier y verra la possibilité de se mesurer à son mentor sur des effets de même nature. Il optera pour une transformation assez osée, à des années lumière de tout ce qui a déjà pu être fait dans le domaine, vers plus de réalisme, et parvient au final à rendre la scène des plus perturbantes. Son implication maladive sera telle qu'il bénéficiera de la casquette de producteur associé.

  ("Hurlements" de Joe Dante, 1981 : c'est cette scène de transformation devenue culte qui fera accéder Bottin à la célébrité)

Dans les premiers plans de la métamorphose, l'acteur Robert Picardo porte des prothèses gonflables (des bladders, autrement dit des "vessies" en céfran) afin de montrer son visage, son torse et ses mains se déformer. C'est ensuite une réplique animatronique qui apparaît pour les plans finaux, notamment pour l'allongement du museau.
Baker viendra malgré tout régulièrement voir son protégé sur le tournage, afin de s'assurer que tout se déroule bien, et sera finalement crédité au générique en tant que consultant en maquillages spéciaux.


II - Soudain, enfouie sous la glace : la Consécration

Nous sommes en 1981, et alors que Bottin et Baker ont achevé leur toute dernière collaboration officielle sur "Tanya's Island" d'Alfred Sole, "Hurlements" et "Le loup-garou de Londres" sortent à quelques semaines d'écart aux USA.
Les deux films sont automatiquement comparés, notamment au niveau de leurs métamorphoses novatrices. Tous saluent la qualité exceptionnelle des SFX des deux bousins, malgré un avantage pour Baker et Landis et leur 10 millions de $ de budget (10 fois plus que pour le Dante).
Aussi, c'est Baker qui remporte l'Oscar des meilleurs maquillages en 1982 (et Bottin passera d'ailleurs toujours à côté par la suite... Car non, Bottin n'a jamais reçu l'Oscar des meilleurs maquillages, qu'on se le dise).
Mais ce que ne sait pas encore Bottin, c'est qu'il va rapidement trouver de quoi s'occuper l'esprit pour oublier sa relative frustration...

("Tanya's Island" d'Alfred Sole, 1980 : cette sombre bisserie canadienne a toujours le privilège d'avoir bénéficié de la dernière collaboration Baker/Bottin officielle)

1982 : John Carpenter se lance dans une nouvelle adaptation du roman "Who goes there ?" de John W. Campbell, qui avait déjà inspiré le film "La chose d'un autre monde" de Howard Hawks en 1951. Le scénariste Bill Lancaster se charge de l'adaptation.
Pour les nombreux SFX de "The Thing", Carpenter pense immédiatement à son complice de "Fog", le jeune et talentueux Rob Bottin, renforcé par le succès d'estime de "Hurlements" et de ses incroyables séquences de transformation.
Or, Carpenter avoue très vite à son ami n'avoir absolument aucune idée de ce à quoi son extra-terrestre devra ressembler...
Bottin chope alors la balle au bond, et se met à livrer quelques idées à Carpenter. Tout d'abord, il estime devoir à tout prix s'éloigner de tout ce qui a été fait auparavant , et notamment du "Alien" de Scott, qui vient juste de marquer l'inconscient collectif avec ses effets à l’esthétisme inédit et audacieux.
Même si Carpenter demeure sceptique devant l’espièglerie excentrique et les idées quelque peu saugrenues du jeune homme, il finit tout de même par lui accorder sa confiance, et lui laisse le champs complètement libre quant au design et à la conception de la créature.



("The Thing" de John Carpenter, 1982 : à gauche, Bottin et Carpenter admirent la doublure animatronique de Palmer, et à droite, le résultat à l'écran)

Bottin et son équipe bénéficient alors d'un budget de 1,5 millions de $, uniquement pour leur SFX, ce qui représente une somme titanesque pour l'époque. C'est là que commence une folle année de labeur, à raison de 7 jours par semaine. Bottin dormait presque chaque nuit dans son atelier afin de gagner du temps...
Les dessins préparatoires enthousiasment littéralement Carpenter, qui finira pourtant rapidement par déchanter...


("The Thing" de John Carpenter, 1982 : images de conception du monstre de Blair pour la scène finale. A noter que des plans 'stop motion' avaient été concus pour cette scène, mais non integrés au montage car jugés peu crédibles par Carpenter)

Bottin est jeune, finalement peu expérimenté, n'ayant pas l'habitude de gérer une équipe, et la situation devient donc vite invivable sur le tournage : tous commencent à croire que Bottin EST la star du film, avant même Kurt Russel ou Carpenter, et tout le crew fatigue d'avoir sans arrêt à attendre que la team SFX daigne être opérationnelle... Les retards s'accumulent, et la pression monte entre Bottin et Carpenter, le second reprochant au premier son manque éhonté d'organisation.


("The Thing" de John Carpenter, 1982 : Bottin en pleine fabrication du désormais mythique splitface monster)

Plusieurs crises de nerf plus tard, Bottin réalise qu'il ne parviendra pas à achever tous les effets sans aide extérieure. Et alors qu'il travaille sur la scène la plus ambitieuse de toute la partition, la métamorphose de Norris, il décide de confier la conception de la séquence de transformation du chien à son ami Stan Winston, quasi inconnu à l'époque.
("The Thing" de John Carpenter, 1982 : par manque de temps, la métamorphose du chien fut exceptionnellement conçue par Stan Winston sur un design imaginé par Bottin)

Pendant que son ami s'occupe de la scène du chenil, Bottin peut quant à lui se concentrer sur le plus gros défi de sa carrière : la scène de transformation de Norris. Encore considérée comme l'une des scènes les plus terrifiantes de l'histoire du cinéma, elle doit tout à l'ingéniosité de Bottin, alliée à son imagination débordante. Mélangeant beauté et répulsion, la créature atteint ici un niveau inédit dans le design craspec, et toutes les techniques connues ont du être utilisées pour le tournage de cette séquence (des systèmes micromécaniques révolutionnaires pour animer le visage de Norris, corps de l'acteur partiellement dissimulé dans le décor, torses factices, prothèses en tous genres, animatroniques aux dimensions démesurées, inversion d'image et manipulations optiques diverses, etc... Tout y est passé). Le tournage de la séquence avait même causé un incendie sur le plateau, anéantissant ainsi plusieurs mois de travail niveau animatroniques, qui du être rattrappé en quelques heures pour rester dans la course. Le résultat demeure, aujourd'hui encore, d'un réalisme des plus nauséeux. Un véritable tour de force technique qui traversera les âges...
("The Thing" de John Carpenter, 1982 : conception en atelier de l'animatronique du "monstre de Norris" pour une séquence hallucinante qui marquera toute une génération de cinéphile...)

III - Les années 80 : le baroud d'honneur du latex

Alors que le tournage de "The Thing" s'achève enfin, Rob Bottin est au plus mal : il est hospitalisé durant 2 semaines pour un ulcère, une pneumonie, des allergies diverses et surtout un état d'épuisement nerveux conséquent.

Le film sort finalement le 25 juin 1982 aux USA, avec un accueil critique mitigé et un four considérable au box office (le film sortait deux semaines seulement après le nouveau phénomène de société de l'époque, impliquant lui aussi un extraterrestre : le rouleau compresseur "ET" de Spielberg. Ceci explique sûrement cela).

Malgré tout, le travail de Bottin fait l'unanimité, et son nom se retrouve dorénavant catapulté tout en haut de la courte liste des maquilleurs spéciaux hollywoodiens.

("The Thing" de John Carpenter, 1982 : malgré un accueil glacial, le film fera de Bottin une quasi légende vivante, et sans nul doute le maquilleur le plus adulé de l'histoire du cinéma)

Après plusieurs mois de repos, Bottin retourne à son activité en 1983 par le biais d'un ami (l'homme se trouve être particulièrement fidèle, aussi bien en amitié qu'au niveau professionnel), le trublion Joe Dante et complice de la première heure, pour la création des créatures de son sketch "It's a good life" intégré dans l'adaptation ciné de "La Quatrième Dimension", produite et partiellement réalisée par Steven Spielberg (mais aussi John Landis, le papa du "Loup-garou de Londres", telle une réminiscence œdipienne pour Bottin). Le segment, à tendance cartoon déjantée, permet à Bottin de créer des créatures totalement délirantes, inspirées par les travaux du célèbre dessinateur de cartoon : Basil Wolverton.
("La Quatrième Dimension", segment "It's a good life" de Joe Dante, 1983 : la fille sans bouche, le lapin de Tex Avery zombifié, le diable de Tasmanie en shooting plateau, trois créations parmi tant d'autres à nouveau empreintes de la folie novatrice de Rob Bottin)

Par la suite, Bottin demeure en retrait, et ne rempilera que 2 ans plus tard, pour un nouveau projet aux proportions comparables à celles de "The Thing" : le sublime "Legend" de Ridley Scott. La légende, justement, dit que le film marqua la rupture brutale et définitive entre lui et son vieux mentor Rick Baker. Ce dernier devait normalement décrocher le contrat de création et design des maquillages spéciaux, mais c'est finalement Bottin, en usant de méthodes à priori discutables, qui finira par lui "piquer le pain de la bouche", ce qui mis Baker dans une rage folle et scella leurs dissensions à jamais... Mais encore une fois, ce ne sont là que des "on dit" difficilement vérifiables.

("Legend" de Ridley Scott, 1985 : inspiré par le démon du dessin animé Disney "Fantasia", le sublime Darkness obligeait l'acteur Tim Curry à endurer près de 6 heures de maquillage quotidien pour l'incarner, et en faire l'une des créatures les plus emblématiques du cinéma fantastique)

Bottin, en éternel perfectionniste maladif, part s'installer 1 an en Angleterre, où est tourné le film d'heroic fantasy de Scott. Pour le plus gros morceau, la conception de Darkness, le Seigneur des Ténèbres, il s'inspire du démon de "Fantasia", le dessin animé des studios Disney, et crée sans nul doute le diable le plus cinégénique de l'Histoire.

Mais le bestiaire de "Legend" et la tache de Bottin ne s'arrêtaient pas là, et restaient encore à concevoir des Goblins, des Elfes, etc...


("Legend" de Ridley Scott, 1985 : Elfes et Goblins made in Bottin. On trouve d'ailleurs un léger air de famille avec le bestiaire de Weta pour "LotR"...)

Pour son travail sur "Legend", Bottin sera nominé à l'Oscar du meilleur maquillage spécial, en association avec Peter Robb-King, mais la statuette reviendra finalement à Stephan Dupuis et à son vieil ami de "Piranha", Chris Walas, pour leur travail des plus impressionnants sur le cultissime "La Mouche" de Cronenberg.
("Legend" de Ridley Scott, 1985 : dessins préparatoires pour la sorcière du marais, interprétée par un autre vieux complice de Bottin : Robert-"Hurlements"-Picardo)

La même année, et encore à la demande de son ami Dante, il est embauché pour s'occuper du design et de la conception des extraterrestres du film fantastique "Explorers". A noter que ce projet marque tout de même le premier contrat officiel géré par la société Rob Bottin Productions, pourtant créée depuis près de 8 ans.



("Explorers" de Joe Dante, 1985 : un bestiaire toujours plus enfantin, commandité à Bottin par le prolifique et fidèle Joe Dante)

La principale innovation de Bottin sur ce projet-ci réside dans le fait d'avoir affublé aux créatures des yeux excentrés par rapport à ceux du comédien-animateur (qui devait donc voir au travers de minuscules trous invisibles à l'image), ce qui a eu pour effet de brouiller les piste, et de faire douter le spectateur sur la présence ou non d'un humain sous le costume. Ca paraît évident, mais encore fallait-il y penser...
Ensuite, Bottin se repose durant près de 2 ans, avec une interruption au profit de l'inévitable Joe Dante, pour qui il crée le Greibble, dans l'épisode éponyme réalisé par Dante, issu de la série "Histoires Fantastiques" de Steven Spielberg.





(série TV "Histoires Fantastiques", épisode "The Greibble" de Joe Dante, 1986 : les différentes étapes de création du choupinet Greibble, encore et toujours pour son pote Dante)

1987 restera comme l'année la plus prolifique de la carrière de Bottin : il se retrouve avec pas moins de 3 énormes projets à mener à terme.
"L'aventure Intérieure" tout d'abord, le nouveau film de... bin Joe Dante pardi, quelle question bizarre, où Bottin doit se charger de transformer Martin Short en Robert Picardo et inversement (à croire que ce mec a passé sa vie sous du latex déposé par Bottin...). Puis "Les Sorcières d'Eastwick" de George Miller, où c'est au tour de Jack Nicholson d'être torturé par Bottin pour le transformer en streum géant puis en petite merde accrochée au plafond.



("Les Sorcières d'Eastwick" de George Miller, 1987 : deux scènes de transformation maîtrisées mais quasi anecdotiques avant un nouveau tournant)

Mais c'est peu de temps après avoir bouclé ces deux projets que Bottin va à nouveau faire une rencontre cruciale : avec un certain Paul Verhoeven, réalisateur néerlandais singulier fraichement débarqué des Pays Bas, qui va alors lui proposer la conception d'un costume plutôt audacieux...

IV - Et Mr Verhoeven voulu se faire tailler un costard...


C'est donc sur "Robocop" que la collaboration Verhoeven/Bottin, qui s'avèrera durable par la suite, va donc s'entamer, et déjà la nature des effets demandés au maquilleur commencent à s'éloigner de ce qu'il avait depuis longtemps pris l'habitude de faire.
En effet, même si sa casquette est celle de responsable des maquillages spéciaux, l'essentiel de son travail va se focaliser sur la création d'un "simple" costume, celui du flic rafistolé en machine de guerre bien sûr, qu'endossera le courageux Peter Weller.
Tout le défi de l'entreprise se résume à cet impératif de réalisme (il faut que l'armure ait l'air lourde et solide comme le titane) couplé au besoin indispensable de légèreté (Weller doit pouvoir se mouvoir correctement sans avoir à prendre des stéroïdes).
Aussi, Bottin décide de concevoir l'armure externe en fibre de verre (matériau léger et relativement solide), et la combinaison interne en plastique combiné à du caoutchouc mousse. L'ensemble était composé d'une soixantaine de pièces individuelles, pour un poids avoisinant les 35 kilos.



("Robocop" de Paul Verhoeven, 1987 : le costume élaboré par Bottin était essentiellement composé de fibre de verre et de mousse de caoutchouc)

Il n'y avait pas un seul costume, mais 7 versions différentes aux fonctions spécifiques (par exemple : un exemplaire en fibre de verre ignifugée, utilisé par un cascadeur pour l'explosion de la station service, ou encore 2 autres représentant deux étapes de destruction, suite à la stomb avec l'ED209 notamment).
Les premiers jours de tournage, Peter Weller mettait entre 9 et 10 heures pour enfiler l'armure, qui ont du être rabaissée tant bien que mal à 1 heure ou 2 par la suite, tellement le comédien semblait épuisé.
Mais Weller était également gêné par son casque, qui lui laissait un champs de vision ridicule, et l'obligeait à se faire guider sans arrêt tel un vieillard, exercice peu commode lorsque l'on sait que ce même casque rendait l'acteur complètement sourd... Z'imaginez bien que la com a du être difficile avec l'ami Peter, qui a subit parmi les pires tortures qu'aucun acteur n'avait jamais enduré sur un plateau de tournage. Respect.
Lorsque Murphy retire son masque, il s'agissait bien sûr d'un maquillage complètement différent qui ne tenait pas sous le casque, et la transition entre les deux était donc toujours cuté.
("Robocop" de Paul Verhoeven, 1987 : moulage du visage de Peter Weller, qui servira à confectionner le maquillage "Robocop sans casque" en latex qui semble faire passer la ferraille par dessous la chair)

Le holster mécanique où Murphy rangeait son arme était un dispositif indépendant en polyuréthane, animé par câble par 3 techniciens. La sonde/poignard qui sortait du poing du superflic suivait la même logique, et n'était pas directement intégrée dans le costume d'origine, et tout le temps filmée en insert.
A force de travail et de sueur, le résultat final laisse encore aujourd'hui sans voix...

("Robocop" de Paul Verhoeven, 1987 : un résultat plus que bluffant, autant à mettre au crédit de Bottin pour son ingéniosité qu’à celui de Weller pour son abnégation sans borne)

Mais au-delà du costume de Robocop, Bottin avait aussi une tripotée d'effets gore à mettre en place (et là, c'était déjà plus dans ses cordes...).
Les deux autres gros morceaux se résumaient donc à la mise à "mort" de Murphy (tellement réaliste et brutale dans le montage originel que Verhoeven fut sommé par la MPAA d'en retirer les plans les plus violents afin d'éviter une classification X à son film... C'est dire si Bottin a fait du bon boulot  ), et, sans doute l'effet le plus WTF et jouissif de la carrière du maquilleur : la liquéfaction puis l'explosion d'un des bad guys dans l'usine de produits chimique !!! 


("Robocop" de Paul Verhoeven, 1987 : l'incroyable maquillage appliqué sur l'acteur Paul McCrane est aujourd'hui presque plus emblématique du bousin que l'armure elle même... Un nouvel effet de génie 100 % Bottin)

En définitive, "Robocop" demeure l'un des gros chantiers de Bottin, à ranger aux côtés de "The Thing" et autre "Legend", tant au niveau qualité qu'au niveau quantité.

Mais si le plus gros restait encore à venir...

V - Le dernier Grand Ouvrage du Maître

Durant les trois années qui suivirent l'éprouvant projet "Robocop", Bottin a, comme à son habitude après un gros contrat, eu tendance à se faire très rare.

Ses seules activités en 3 ans se résument à la confection d'un maquillage en 1988 pour le film "The Great Outdoors" de Howard Deutch (avec Dan Akroïd et John Candy), sûrement la création d'un costume d'ours factice, mais les infos sur le sujet se font plus que rares, et le poste de costume designer sur "Robocop 2" (et uniquement pour ce "poste honorifique", les maquillages n'étant pas de son fait), où il s'est contenté de refaire pratiquement à l'identique le costume qu'il avait inventé pour le premier opus (au départ la prod souhaitait que Bottin confectionne un costume différent, ce à quoi il avait rétorqué : "Vous ne pouvez pas changer le costume de Robocop !!! C'est tout aussi absurde que de vouloir changer le costume de Superman !" Et à priori, son argument a fait mouche chez les producteurs, qui ont vite abandonné l'idée, les seules modifs significatives se résumant au final à la patine de l'armure sensiblement plus bleutée. Z'tout).

Fidélité oblige, c'est son nouvel ami, Paul Verhoeven, qui va à nouveau le sortir de sa retraite paisible...
Le motif : l'adaptation ciné de la nouvelle "We can Remember It for you wholesale" de Philip K. Dick, pour un budget pharaonique dépassant les 50 millions de $. Et sur ce "Total Recall", Bottin aurait l'entière responsabilité, du design à la conception, de tous les maquillages spéciaux du film. Et étant donné qu'il se déroule partiellement sur Mars, et qu'il est fréquenté par toute une palanquée de mutants difformes, le bousin s'annonce comme le projet le plus gigantesque de la carrière pourtant fournie de Bottin.
Car ce "Total Recall" fera malheureusement office de bouquet final pour le maquilleur, alors que les années 90 rappliquent, elles et leurs ordinateurs toujours plus puissants, qui commencent juste à s'immiscer dans la fabrication des films, et qui font lentement glisser le métier de technicien SFX vers une mutation sans précédent dans l'histoire du cinéma. Et "Total Recall", c'est un peu le seuil de la porte menant à cette révolution en marche.

("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : Verhoeven et Bottin sur le plateau d'un film testamentaire dans l'histoire des effets spéciaux, et donc dans celle de Bottin lui-même...)

Car il s'agit d'un film de SF très ambitieux, nécessitant pas moins de 80 personnes à la solde du Rob Bottin Studio, et ce sans compter le département infographie (dont ILM), celui des modèles réduits, celui des mate painting, etc etc...

La tache de Bottin se concentrera essentiellement sur le maquillage des mutants martiens (à côté de certains plans de "Total Recall", la fameuse scène de la cantine de "Star Wars" qui avait lancé le jeune Bottin à l'époque a du lui paraître bien timide), sur les effets appliqués à Schwarzy (l'extraction de la puce émettrice, les déformations crânienne en l'absence d'oxygène sur Mars, le "masque de la grosse femme" au spatioport), et la conception du cyborg chauffeur.

Pour la partie ‘mutants’, il y avait déjà deux gros morceaux : la scène du bar sur Mars et l'apparition de Kuato, le chef de la rébellion martienne.


("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : l'actrice Monica Steuer avant et après sa "Bottinification")




("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : la "Bottinification" de Sasha Rionda, qui devait être plus jeune que ça à l'époque, m'enfin bon faisez pas ièche hein)




("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : Lycia Naff.)

Le principal défi concernant les mutants se résumait à la conception de Kuato, le chef de la résistance Martienne. C'est Bottin qui eu l'idée de ce simili-fœtus qui se développerait dans l'estomac d'un autre mutant, une proposition qui enchanta Verhoeven, comme beaucoup d'autres durant la production. C'est l'acteur Marshall Bell qui supporta l'imposant maquillage conçu par Bottin qui nécessitait pas moins de 17 opérateurs afin d'animer la créature.


 ("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : Kuato, l'un des gros morceaux de la partition de Bottin)

En plus des mutants, Bottin du beaucoup travailler sur le faciès de Schwarzy, que ce soit pour la scène d'extraction de la puce sur terre, celle du masque dans le spatioport, ou celles se déroulant dans l'atmosphère martienne dépourvue d'oxygène (avec les fameux yeux sortant de leurs orbites en mode cartoon, une véritable signature Bottinesque).




("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : 3 gueules de Schwary maltraitées pour 3 répliques animatroniques de sa tête : quelques progrès ont été faits depuis la réplique de l'acteur conçue par Winston sur le "Terminator" de Cameron, mais le fait est que cette technique trouve encore très vite ses limites, des soucis de crédibilité que rencontreront d'ailleurs bientôt les infographistes pour les premières reproductions de visages humains)

Un des autres gros morceaux résidait dans la création d'un taxi automatique. Une fois encore, le script ne parlait que d'une voiture sans chauffeur, et c'est Bottin qui eu l'idée d'un automate.


("Total Recall" de Paul Verhoeven, 1990 : devinez qui a servi de modèle pour la création de l'automate ? Mmmmh ?... Robert-ma gourmette est restée accrochée à la barbe de Bottin depuis Hurlements-Picardo bien sûr !!)

Après une année de travail harassante, le film de Verhoeven sort le 1er juin 90 aux USA, avec un accueil critique et public des plus chaleureux.

Puis, en 1991, enfin, la reconnaissance tant attendu pour Bottin : avec Eric Brevig, Tim McGovern and Alex Funke, il remporte l'Oscar des meilleurs effets visuels, via un Special Achievement Academy Award, prix spécial récompensant une contribution globale à un travail de grande qualité, pouvant englober plusieurs corps de métier (Bottin est maquilleur, Brevig et McGovern superviseurs des effets visuels et Funke expert en miniatures), l'Oscar des meilleurs maquillages étant revenu cette année là à John Caglione Jr. et Doug Drexler pour "Dick Tracy", Bottin n'était d'ailleurs même pas nominé dans cette catégorie ci, aussi absurde que cela puisse paraître.



VI - Épilogue : la grande curée des CGIs



Ironie du sort, quand tu nous tiens : en 1991, Bottin est au sommet de sa gloire et de son art, toujours plus adulé et enfin récompensé par un Oscar. Toutes les portes devraient s'ouvrir à lui. Or, c'est tout à fait l'inverse qui va se produire...
Cette même année sort "Terminator 2" de James Cameron, qui même s'il expose un grand nombre de maquillages live créés par Winston, vient aussi annoncer la venue d'une ère nouvelle : celle des images de synthèse.
Bottin, comme les autres, sait qu'à présent c'est tout leur métier qui va rentrer en mutation, pour ne pas dire en voie d'extinction.
Cependant, certains de ses amis ont l'intelligence suffisante pour se rendre à nouveau indispensables à ces effets d'un nouveau genre : Tipett, dont les dinosaures animés par Stop Motion sont loin de convaincre Sielby durant la préprod de "Jurassic Park", finira par bosser avec Dennis Muren sur les CGIs du film en tant que consultant, et Winston aura quant à lui à créer la plus grosse animatronique de l'histoire : celle du T-Rex grandeur nature. Plus tard, Greg Cannom maquillera Jim Carrey dans "The Mask", et travaillera lui aussi aux côtés d'ILM pour donner vie à son morceau de latex verdâtre. En 92, pour les besoin du premier film de Fincher, deux nouveaux venus, Woodruff et Gillis, parviendront à donner vie à l'alien le plus mobile de la saga avec des marionnettes ultra perfectionnées, aidés en cela par les CGIs, notamment pour effacer les animateurs et les câbles visibles dans le champ.

Aussi, le temps est arrivé pour Bottin de faire des concessions comme la plupart de ses collègues, et de s'adapter aux temps nouveaux. Or, étant donné le caractère farouchement sauvage du lascar, l'exercice ne s'annonce pas commode du tout...

En 91, c'est d'abord Barry Levinson qui fait appel à ses services pour les quelques (discrets) maquillages spéciaux de son biopic "Bugsy" avec Warren Beatty. Moué.

En 92, son copain Verhoeven revient vers lui pour les besoin de son nouveau film, lui aussi bien moins fantaisiste que ce à quoi était habitué Bottin : le sulfureux triller "Basic Instinct" avec Michael Douglas, et la jeune révélation de "Total Recall" : la brûlante et méconnue Sharon Stone. Il aura à gérer les effets gores du premier meurtre dans la scène d'ouverture, car non, y avait pas que le joli boule de la mère Sharon dans z'te scène, y avait aussi et accessoirement un meurtre barbare tavu (vous vous souvenez ?... C'est juste après qu'on ait vu son cul en fait, mais encore fallait-il laisser tourner la galette jusque là, bande de fumiers sérieux). Et pour l'occasion, Bottin portera à la fois la casquette de maquilleur et celle de superviseur des effets visuels, étant donné que les coups de pic à glace sur le keumé impliquaient des maquillages live, mais aussi quelques CGIs, notamment lorsque le pic vient se planter dans l'œil de la "pauvre" victime ("pauvre, pauvre...", il a toujours le croupion de Sharon sur sa nouille hein, t'en as qui meurent en se noyant dans des fosses sceptiques tous les jours hein, donc à un moment donné faut relativiser un peu).

Le résultat est saisissant, le film un chef d'œuvre hitchcockien qui cassera la baraque au BoxO, mais le public retiendra surtout la scène de l'interrogatoire avec la foufe blondinette et choupinette de la mère Sharon, plus que les effets classes et discrets de Bottin... Car à présent, Bottin n'est plus un artiste qu'on embauche pour sa Vision : il devient alors un simple technicien avec un savoir faire, qui devra s'effacer derrière le travail préétabli qui lui est demandé. La star des années fastes s'efface peu à peu, et la motivation du bonhomme va très vite s'en ressentir...

("Basic Instinct" de Paul Verhoeven, 1992 : le temps de l'idolâtrie est révolu, le public oubliera vite les sobres mais impressionnants SFX de Bottin au profit de l'affolante chute de rein de la torride Sharon Stone, définitivement l'effet le plus spécial du bousin)

La même année, il maquillera Joan Cusack en Alsatia Zevo pour les besoins de "Toys" de Barry Levinson.

("Toys" de Barry Levinson, 1992 : et là ça se confirme nettement le cœur n'y est plus...)

En 1993 et 94, Bottin sera à nouveau crédité en tant que concepteur du costume de Robocop, pour les besoins du troisième film et de la série TV. Bottin s'ennuie, mais un rayon de soleil va alors se pointer.

Le rayon de soleil s'appelle David Fincher. Grand fan de Bottin, il l'engage en 1994 pour la conception d'un maquillage spécial sur son deuxième long métrage, une sombre histoire de traque au serial killer avec Brad Pitt et Morgan Freeman.

Le film se contente de montrer le résultat des meurtres, jamais leur exécution. Aussi, aucun effet gore n'est recensé dans le cahier des charges : juste des cadavres (ou presque-cadavres...) dans des états de torture physique et de décomposition divers et variés, correspondant tous à un pêcher capital.

Bottin est très enthousiaste, et ce dès le départ. Son travail se focalise sur le meurtre de la Paresse, où un dénommé Victor a été alité de force par le tueur durant 1 an, sans boire ni manger, tenu en vie par des injections de nutriments et de médicaments. Fincher demande à Bottin de concevoir le cadavre meurtri et terriblement amaigri (enfin le cadavre... M'avez compris quoi) (ptain cette scène me fout la trique à chaque vision, z'imaginez pas) (au sens figuré du terme hein) mais aussi les photos montrant les différents stades de son interminable calvaire. Bottin, en grand malade qu'il est, créera 52 clichés absolument abjectes, qui enchanteront Fincher tout en le frustrant considérablement, dans la mesure où il ne pourra en montrer que 3 ou 4 au max.


("Se7en" de David Fincher, 1995 : le fait de travailler à nouveau avec un jeune loup surdoué, et qui plus est grand fan du maquilleur, va motiver Bottin plus qu'il ne le faudrait. Ci-dessus, un document saisissant montrant la quasi totalité des photos conçues pour le meurtre de la paresse, sur un commentaire de Bottin himself. Et sur ma vie : c'est juste tétanisant d'effroi... Enjoy !)

C'est l'acteur étonnamment maigre Michael Reid MacKay qui devra passer par les mains expertes de Bottin pour se faire maquiller des pieds à la tête. Le maquilleur s'inspirera beaucoup des photos de libération des camps de concentration afin de déterminer le look général du maquillage de Victor.

("Se7en" de David Fincher, 1995 : c'est le maigrelet Michael Reid MacKay qui sera maquillé par Bottin pour incarner Victor pour le "meurtre" de la paresse)

En 1996, Bottin retrouve Brian De Palma près de 20 ans après le tournage de "Furie" qui avait marqué la fin officielle de son apprentissage, et est embauché sur l'adaptation ciné de la série TV "Mission : Impossible" pour tous les effets de masques utilisés par les espions pour se faire passer pour quelqu'un d'autre. Ces makeup live seront bien entendu retravaillés par morphing sur ordinateur pour passer d'un acteur au masque créé par Bottin à son image, mais porté par un autre comédien, et ce sans aucune coupure. Du coup il faut bien se l'admettre : les créations de Bottin y sont à peine visibles, juste l'espace d'une brève étape lors des morphing.

En 1997, le débutant Guillermo Del Toro fait appel à son imagination débridée en tant que consultant design pour les créatures souterraines de son "Mimic". Afin de se rendre mieux compte de la nature de la contribution Bottinienne sur ce projet ci, laissons parler Rick Lazzarini, créateur officiel des créatures du bousin : "Les premiers croquis des créatures étaient assez flippants, et ressemblaient énormément à des insectes, mais ils n'avaient pas l'air assez féroces et répugnants. C'est pourquoi Bottin a été appelé à la rescousse en tant que grand-connaisseur-des-trucs-qui-foutent-vraiment-les-chocottes. Il leur a donné un profil bien plus menaçant, et ce avec beaucoup de finesse. Au départ, nos insectes possédaient de nombreux appendices, des sortes de petits crampons très discrets disséminés un peu partout. Rob les a remarqués et a dit : "Hey, nous allons rendre ces choses bien plus menaçantes. Franchement, qui va se soucier de savoir s'ils ressemblent réellement à de vrais insectes ?... Alors prenons ces fines antennes et ces petites mandibules sur le visage, et transformons les en poignards acérés !!"".(tiré de Fangoria n°167, octobre 1997)


("Mimic" de Guillermo Del Toro, 1995 : dessin préparatoire d'une créature du film, que Bottin a su rendre bien plus dégueulasse au final)

Dans la foulée, il sera également simple consultant pour les effets visuels de "L'associé du diable" de Taylor Hackford.

Et c'est toujours en 97 que Bottin sera approché par des producteurs pour mettre en scène (vi vi mettre en scène) le très attendu "Freddy vs Jason". Il écrira même une première version du script, mais le projet tombera finalement à l'eau, et ne sera repêché qu'en 2003 sous la direction de Ronny Yu.

Quand ça veut pas : bin ça veut pas quoi.

Et en 1998, ça s'empire : Bottin se fait purement et simplement lourder du tournage de "Un cri dans l'océan" de Stephen Sommers, où il avait l'entière responsabilité du design et de la fabrication de la créature. Sommers le trouvait trop perfectionniste (quand on voit la gueule de ses films on comprend mieux pourquoi il a pu dire ça, ndlr), et du coup tous les effets de la créature ou presque ont été remplacés par des CGI. Exit Bottin, exit les effets live. Tout un symbole.

Heureusement, Rob se consolera juste après en concevant pour Terry Gilliam l'incroyable scène des varans de "Las Vegas Parano".


("Las Vegas Parano" de Terry Gilliam, 1998 : la scène des varans est, pour beaucoup,
le dernier vrai coup d'éclat du grand Rob)

L'année suivante, le fan David Fincher fera à nouveau appel à son idole pour les besoins de sa nouvelle comédie romantique : "Fight Club". Bottin devra surtout s'occuper des contusions suite aux combats, et aux effets gores durant les stomb. Il donnera même un 110 bonnet F à un Meat Loaf qui n'en demandait sûrement pas tant.


("Fight Club" de David Fincher, 1999 : des bleus, du sang et des faux nichons, voilà le programme de Bottin sur ce projet certes bateau d'un point de vue technique, mais le fait est que son nom est une nouvelle fois associé à un chef d’œuvre absolu et définitif)

En 2000, Bottin se chargera des maquillages spéciaux de "Charlie et ses drôles de dames" de McG (sensiblement le même type d'effet que ceux de "Mission : impossible", donc pas forcément de quoi se branler en somme).

Et en 2002, il concevra les maquillages spéciaux des "Aventures de Mister Deeds" de Steven Brill, puis fabriquera des vaches animatroniques pour la comédie "Au service de Sara" de Reginald Hudlin.


("Au service de Sara" de Reginald Hudlin, 2002 : une vache animatronique, la dernière contribution officielle de Bottin au Septième Art...)

Et depuis : plus rien. 10 ans de silence.

Il a commencé sa carrière avec une souris, il termine sur une vache.

Certains y verront une progression.

D'autres l'ultime ironie du sort d'un Génie qui est né un peu trop tard.

Chapeau l'Artiste.







Texte rédigé par Celluloïd, et initialement publié sur le forum Mad Movies. Merci à lui !

2 commentaires:

  1. Un très bon article, je me rend compte que j'ai vu la quasi totalité des films auxquels il à contribué, avec à chaque fois l'impression qu'il a participé aux effets de mes scènes préférés.

    Chapeau, et nique sa mère les ordinateurs.

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    1. totalement d'accords avec le commentaire. Il etait vraiment le boss qui a été remplacé par des ordis stupides pas capable de faire aussi bien que cet Homme.
      Beaucoup de respect pour lui qui a fait de sa passion son métier et qui a réalisé des vrais chef-d’œuvres.
      ( coucou les gens de ma classe si vous passez par là )

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