Ron Cobb revient sur l'idée de base autour des Space Jockeys :
"À un certain moment, un cataclysme a provoqué
l'extermination des adultes de cette
race unique, ne laissant personne pour soigner et nourrir les
jeunes. Mais dans une sombre chambre inférieure du temple
de reproduction, un grand nombre d'œufs
sommeillent, attendant de sentir quelque chose de chaud. Des années plus tard,
arrivent les Space Jockeys sur ce planétoïde. Les Jockeys sont en mission
d’exploration et d’archéologie. Ils sont fascinés par ce temple fabuleux et
cette culture inconnue. Un d’entre eux trouve la chambre des œufs et se fait
« face-hugger ». Il est sauvé mais personne ne comprend ce qui s’est
passé. Ils le ramènent à leur vaisseau et continuent l’exploration de la
surface de la planète. Quand le « chest burster » jaillit du Jockey, c’est
un véritable massacre jusqu’à ce qu’il soit tué. L’Alien meurt, mais il se
décompose immédiatement et son sang acide ronge la coque du vaisseau des
Jockey, les laissant échoués sur la planète. Les Jockeys envoient un message
radio prévenant qu’il y a sur cette planète un dangereux parasite, que rien ne
peut être fait pour les sauver à temps et que personne ne devrait tenter un
sauvetage. Les Jockeys meurent ensuite lentement de faim."
Ron Cobb, Alien portfolio.
"Ma première
version du pont était en effet très spacieuse, sur plusieurs niveaux, dans un
style californien, avec ces grandes fenêtres. J’avais cette idée pour un plan
spectaculaire où l’on aurait vu approcher une planète en rotation sur les
écrans de contrôle, et soudain les fenêtres se seraient ouvertes, la lumière
aurait inondé l’intérieur et on aurait vu la même planète dehors effectuer la
même rotation que sur l’écran. Mais ils ont décidé que c’était trop cher, et
qu’on devait se diriger vers un pont à la Star Trek, sans fenêtre et avec un
écran."
Premier et second desk :
Extrait de l'interview de Ron Cobb dans Rocket's Blast #148, Avril 1979 (soit un mois avant la sortie du film aux USA)
J’ai cru comprendre que le film avait rencontré beaucoup de problèmes.
Pouvez-vous m’en parler ?
J’ai constaté qu’il y a eu beaucoup
de déceptions, beaucoup de malentendus, et il y avait un manque de clarté et de
direction dans le design du film. Mais je m’y attendais de toute façon. C’était
une grosse production, il y avait beaucoup d’argent en jeu et beaucoup de gens
impliqués. Je me doutais bien qu’on n’allait pas être sur des concepts pointus.
Je savais qu’ils allaient prendre leurs distances par rapport au script de Dan,
je n’ai donc pas été aussi déçu que Dan a pu l’être. C’est une honte. Je pense
qu’ils auraient dû rester plus proches du concept original et qu’ils auraient dû
donner un peu plus de libertés aux designers parce qu’ils ne prenaient que les
idées qu’ils comprenaient, et s’ils ne les comprenaient pas, ils insistaient
sur quelque chose d’autre qui n’avait pas leur place. Il y a eu ainsi plein de
choses vraiment ennuyeuses. Mais c’était aussi la première fois que tous ces
gens faisaient un film de ce type, et ils n’étaient pas conscients de la
sensibilité que certaines personnes comme Dan ou moi avons à propos de la
cohérence. Finalement, je trouve que ça n’a pas trop mal marché. Il n’y a aucun
intérêt à rentrer dans les détails… Il y avait juste des malentendus, et un
manque de clarté.
Je pense que les véritables
soucis étaient dans la sphère de Dan, à cause des réécritures. C’est vraiment
terrible, des révisions bâclées, certaines sans intérêt et certaines d’entre
elles rendaient le travail de Dan pour garder la cohérence et le sens de tout
ça très difficile. J’étais plus concerné par la cohérence visuelle et certains
éléments de crédibilité. Parfois je
pouvais faire valoir mes arguments, parfois je ne pouvais simplement pas, parce
qu’ils ne les comprenaient pas. Je ne pouvais simplement pas communiquer
certaines idées. Je n’avais pas assez de pouvoir… Tout ce qu’on peut dire c’est
que le film terminé n’est pas le film que Dan et moi voulions faire, ou même
que Dan, Giger, Shusett et moi voulions faire… Ce n’est pas exactement ce film,
mais c’est quand même assez proche de ce que Dan O’Bannon et Ron Shusett
voulaient, car ils sont restés sur place et se sont battus centimètre par
centimètre, jour après jour, pour que le film ne s’éloigne pas trop des
concepts forts qui étaient dans leur script original. Je pense que la plupart
des gens vont être impressionnés par le film. Il y a de belles choses et de
nombreuses idées spectaculaires qui ont survécus et quelques innovations
apportées par l’équipe qui étaient vraiment bonnes. Peut-être qu’à l’époque
nous n’avons pas reconnu à quel point elles étaient bonnes. Si il y avait
quelques très bonnes idées, la plupart ne l’étaient pas…
Vous vous rappelez des incidents ou des anecdotes ?
Eh bien, seulement les plus
ridicules, qui sont arrivées pendant qu’ils tournaient. Une des choses que sur
lesquelles Dan insistait, c’est qu’il devait y avoir un chat à bord. Il y a
donc une mascotte, un petit chat qui errait un peu partout dans le vaisseau.
Bien sûr, travailler avec un animal sur le plateau d’un vaisseau spatial créé
toutes sortes de problèmes ridicules…
Avez-vous fabriqué une litière pour le chat dans le vaisseau ?
Exactement. J’ai dû concevoir une
boite pour le chat, une boite pressurisée. Quoi qu'il en soit,
il y avait à travers toutes ces scènes plein de petites choses
qu’il fallait obtenir du chat. Ils avaient une scène où ils voulaient filmer le
dernier survivant qui cherchait désespérément le chat pour le sauver, pour le
prendre avec lui et quitter le navire qu’elle s’apprête alors à faire exploser.
Ils avaient une scène à faire où le chat dormait sur un fauteuil de la cabine
de pilotage, elle venait en rampant et finalement elle le trouvait, elle
appuyait sur un bouton et le fauteuil faisait un petit bond et le chat
s’enfuyait, elle l’attrapait, le mettait dans la boite et elle s’enfuyait.
Tout le truc, au
final, c’était d’arriver à endormir le chat dans ce petit fauteuil. Je suis
donc passé un jour et j’ai vu cette situation ridicule où il y avait toute
l’équipe de ce décors de vaisseau spatial gigantesque, la salle de contrôle,
les lumières, la caméra, la dolly, le réalisateur et l’assistant réalisateur,
les gens du maquillage et tous les acteurs, et les petites cages à assorties,
qu’ils avaient rempli de chats utilisés pour différentes prises, parce qu’une
fois que le chat était surpris, ils devaient recommencer avec un nouveau chat,
ils étaient tous identiques. Nous étions tous assis autour, très tendus, en
train d’attendre, tout le monde reste très tranquille pendant que quelqu’un
essayait d’endormir ce chat sur le fauteuil de contrôle. Vous êtes donc
assis là, tout le monde est très calme et finalement l’assistant réalisateur
avec son mégaphone énorme disant « Attention, le chat est couché, le chat
est couché, attention ! » Tout le monde se tient prêt, est prêt, et
finalement il dit « Quoi ? Il est endormi ! Il est
endormi ! » Quelqu’un dit « Go ! » Et tout le monde
surgit et ils tournent la scène… Tout le monde est du genre « Petit petit
petit… » jusqu’à ce qu’ils fassent la surprise au chat. Et puis ils sont
obligés de recommencer, et de prendre un nouveau chat, et ils doivent le
calmer, le calmer, et attendre, jusqu’à ce que le chat s’endorme. C’était fascinant.
Vraiment fascinant parce que tout le pont du vaisseau était plein.
Les salles de contrôle et le
train d’atterrissage, cette jambe immense sur la surface de la planète,
faisaient plus de neuf mètres de haut. Ils ont utilisés des enfants dans des scaphandres,
un petit peu comme ils avaient fait dans Destination Lune, pour rendre le
vaisseau encore plus grand. Ces pauvres petits gamins perdaient connaissance
dans leurs combinaisons spatiales parce qu’il faisait trop chaud. Ils ont
remplis tout le plateau avec de la fumée provenant d’une sorte de mélange
d’huile sinistre et horriblement chaude… Et ces gamins se promenaient dans ces costumes lourdement
rembourrés, avec des petits visages rouges en train mourir à l’intérieur. Je ne
sais pas… en gros c’était vraiment triste et
désespérant.
J’ai toujours
eu une idée très réaliste de ce qu’implique la fabrication d'un film, ça ne m’a
donc pas gêné plus que ça. C’était surtout beaucoup de travail très dur,
beaucoup de déceptions, mais c’était vraiment excitant de voir quelque chose
dont vous avez dessiné les plans être construit. Ces plateaux immenses, ces
décors gigantesques, et pouvoir se promener au milieu de tout ça, ça a toujours
été quelque chose que je rêvais de faire. Je dois dire que j’adore apprendre,
j’adore faire une erreur et voir comment la corriger. C’était beaucoup comme
ça. C’était une incroyable accumulation de choses comme ça ! Maintenant je
vois comment faire ça, comment utiliser les matériaux et comment y mettre la
lumière… J’ai gagné énormément de confiance dans mes capacités à concevoir des
décors, ce qui n’était pourtant pas exactement mon boulot dans le film.
Mais j’ai réussi à littéralement concevoir des plateaux de manière très, très
complexe. J’ai supervisé leur habillage et tout ce qu’il y avait à faire
dessus. J’espère que dans le futur j’aurai plus de pouvoir, plus de confiance
et plus de capacités. Il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas.
Ca a été une grande expérience pour moi. Ca n’a pas été agréable pour Dan, mais
j’espère le refaire. J’espère retravailler avec Dan, bien sûr, dans quelques
projets futurs…
Peut être dans They Bite ?
Oui !
Divers travaux de Cobb pour le film :
Le vaisseau lorsque Cobb
insistait pour qu'il y ait un mouvement circulaire pouvant créer une
apesenteur artificielle. Idée abandonnée, au désespoir de Cobb.
L'équipage du Nostromo profite donc, dans le film, d'une gravité
fantaisiste.
Lorsque
Ridley Scott a vu cette idée, il a trouvé que celà ressemblait à une
croix. Il a donc eu l'idée de faire la salle de "Maman" comme l'alcôve
d'une cathédrale, pleine de bougies. Ce décors est un des rares du
Nostromo à n'avoir pas été designé par Cobb !
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